Les oiseaux favorables d'Amaury Da Cunha et Stéphane Bouquet par Marie Borel
Les hypothèses du monde sont innombrables et le temps passe
les oiseaux comme les vents peuvent être favorables
cinq oiseaux ont annoncé belle la traversée des jours et des images
un journal de voyage : trois jours trois nuits trois parties égales ou quasi
(triptyque)
le journal de clarisse – d’accord, appelons-la clarisse
elle est un personnage de sa pensée (une je s’éloigne, crois à peine à moi-même)
elle porte une robe jaune fluo dans la photographie dans une prairie taillis des ronces dans le soleil un rêve de prairie qui descend vers le fleuve ce peut-être en bretagne la mer de l’autre côté de l’horizon une odeur de vagues
la prairie le bonheur l’herbe entre ses doigts un odeur de blé en herbe dans ses cheveux de loin toujours dans une autre photographie ceinturée à bord des choses le voyage commence
elle jongle avec l’absence, ironise tendrement sur la précarité des sentiments,
répond à des annonces espoir de sexe sans illusion d’un corps à venir, elle aime être seule avec ses idées dans une cuisine elle préfère danser à chanter
elle rencontre un poète c’est son premier
escalier dérobé trangression prosodique en soi
il rêve du garçon dans la photographie qu’il décrit il plonge se fracasse dans ses yeux où bat la mer il revient que d'autres coeurs imposent au sien la loi du leurre
tout cela pour que ne rien n’arrive pour que pleurer ne soit pas que pour pleurer
cyprès de l’amour et des tombes un jardin sous la pluie un jour de neige parapluie retourné dans une bourrasque de vent ô solipsisme
il n’y a pas d’essence ou d’idée des choses un oreiller jaune vert des bougies jaunes flambées ensemble de la fumée bleue comme des boules planètes
lumineuses la circonvolution d’un arbre le geste d’une main dans la lumière
une femme enfermée dans une cage verre ou bien vue sous un plafond transparent l’image d’une maison silencieuse, une photo dans laquelle elle aura aimé vivre pour toujours
dans son emploi du temps des névralgies de temps
recherches matinales certitudes grignotées épiphanie de l’étymologie
fantaisie épistémologique
le petit chevalier ne peut pas s’effroyer
ce n’est pas le paradis perdu
les dieux pataugent et s’éclaboussent
un arbre tout seul sur la colline sous le soleil
une odeur de chèvrefeuille lavande ou lilas
s’inventer des voyages et des rires fous
être ensemble dans une phrase
une communauté qui vient
une mémoire construite contre les étoile privées
barbara cassin et l’actualité nous rappellent que les grecs ont un mot pour homme qui est aussi la lumière
ulysse lumière amour connaissance
parti pris esthétique les métaphores de tout le monde
aussitôt trouvé aussitôt perdu dans la chambre de rhétorique d’amsterdam
toi dos nu à la fenêtre les cheveux attachés ne sais rien de ton corps
(silence les mouettes)
souviens-toi que tu es mortel
cela n’empêche aucun des arbres et aucun des oiseaux
après tout des conditions d’existence bleu comme les cailloux une promesse de bonheur matinal
dans le livre que je lis : vou viver a alegria de là voltar