03 oct.
2002
Retour de Constantza par Raymond Federman
je rentre de Roumanie -- grand festival d'écrivains -- entre autres Semprum - Robbe-Grillet - Deguy - et une centaine d'autres écrivains de 27 pays -- c'était à Constantza -- on y parlait toutes les langues en même temps -- c'était pas mal - mais les poètes n'ont pas réussi à réconcilier la poésie et la politique -- ils faisaient des effort inhumains pour y arriver -- on parlait même pas de fiction -- non c'étaient tous des poètes à ce festival -- alors moi je me suis déguisé en poète et j'ai participé -- ceci vous dit ce qu'on foutait là-bas sur la Mer noire -- Semprun a gagné le prix Ovidius [c'était prévisible] Robbe-Grillet a reçu un médaille d'argent pour avoir aboli les frontières avec son écriture -- Deguy n'a rien eu -- Federman non plus - mais Deguy et Federman avec Robbe-Grillet et Semprum ont déjeuné avec le Président de la Roumanie -- on l'a même tutoyé, le Président, au cours de la conversation qui se faisait en français -- c'était très sympa -- le vin était superbe -- on a parlé politique bien sûr -- on a tous dit que Bush est un con - un cow-boy du Texas qui a besoin d'un shoot-out -- c'était inévitable -- oh j'oublie de vous dire qu'au déjeuner avec le Président de la Roumanie, y avait l'arche-bishop de Roumanie -- en costume orthodoxe bien sûr -- ne parlant ni francais ni anglais -- les deux langages pratiqués lors de ce déjeuner -- donc le pauvre curé était écouteur plutôt que parleur - mais le jour précédent - quand les 100 écrivains du festival furent invités à déjeuner dans le grand réfectoire des logis du arche-bishop -- il nous avait fait toutes sortes de prières, accompagné d'un choeur de jeunes hommes en robe noire avec des voix délicieuses qui nous chantaient de la musique -- c'était vraiment touchant - la bouffe était pas mal - et le pinard aussi - mais pas aussi bon que celui qu'on a servi au déjeuner du Président - là c'était du grand vin -- oh j'ai oublié de vous dire que Deguy et moi, on a aussi reçu une médaille - ça ressemble à de l'argent mais je suis pas certain -- faudrait faire authentifier ça -- en tout cas j'ai été bien reçu en Roumanie où l'on me dit que mes trois romans qui ont été publiés en roumain marchent très bien - et en fait un éditeur de Bucarest va maintenant faire traduire la "Fourrure de ma tante Rachel" -- rendez-vous compte - faut dire ça aux francais qui continuent de ne pas savoir qui est Federman