23 mai
2011
Le Voyage des morts de Pierre Le Coz par Pascal Boulanger
Comment sortir de sa propre clôture, de la contagion agressive, des illusions mortifères ? Est-il encore possible d'échapper au tombeau d'Osiris et de s'ouvrir à l'inattendu, au dégagement rêvé, au salut ? Entre fatigue et dévastation, péril et détresse, c'est bien le destin du nihilisme - le voyage des morts - que dévoile ce quatrième volume de L'Europe et la profondeur. Aussi pertinent que les précédents, celui-ci doit se lire comme une plongée raisonnée dans l'enfer - le nôtre - là où les morts rêvent qu'ils sont en vie, là où les convulsions folles occupent un monde qui se mutile dans un éternel et vain présent sans mémoire, sans vœu, sans dette et sans espérance. Une vie déchue est une vie qui se croit pleine. Elles sont pleines, en effet, nos vies : d'idoles, de marchandises, de ressentiments, de passions tristes... Pleines de belles âmes compatissantes, d'apitoiements abstraits, de fantasmes criminels, d'aménagement de la terreur, de suppléments d'âme poétique, de solutions finales.
Le signe de Dieu est signe d'adieu. Au « jamais garanti » du Royaume, au gouffre inauguré par le retrait du Christ, se substitue, notamment, le cogito cartésien et sa nuit de l'âme qui fonde l'édifice de la techno-science. C'est la résistance au Dieu chrétien qui engendre le nihilisme. Celui-ci n'est rien d'autre que la peur du vide et de l'inattendu. Le progressiste et le réactionnaire deviennent alors, sous la plume déterminée de Pierre le Coz, victimes de la même ruse du nihilisme. Les petits télégraphistes de l'Empire (les pages consacrées à l'insignifiance de la « nouvelle philosophie » de BHL et de ses amis sont jubilatoires) et leurs adversaires altermondialistes ou misérabilistes (le mode sociologique-compassionnel d'une Florence Aubenas est dénoncé) sont renvoyés dos à dos. L'époque moderne, à-rebours de l'œuvre divine est une contre-création, un retour vers le néant qu'elle ne peut surmonter.
Informé et inspiré, le regard que Pierre le Coz pose sur notre histoire et sur son infernale actualité bouleverse les approches - philosophiques, politiques et même poétiques - contemporaines. Cette œuvre singulière (une arche, en vérité, où s'entassent tous les livres et autres trésors) bouscule le champ de la pensée. Si elle prend appui sur la pensée moderne (en prolongeant notamment les travaux de Debord, René Girard et Baudoin de Bodinat) elle frappe surtout par son discernement et par les enjeux qu'elle relance.
Le signe de Dieu est signe d'adieu. Au « jamais garanti » du Royaume, au gouffre inauguré par le retrait du Christ, se substitue, notamment, le cogito cartésien et sa nuit de l'âme qui fonde l'édifice de la techno-science. C'est la résistance au Dieu chrétien qui engendre le nihilisme. Celui-ci n'est rien d'autre que la peur du vide et de l'inattendu. Le progressiste et le réactionnaire deviennent alors, sous la plume déterminée de Pierre le Coz, victimes de la même ruse du nihilisme. Les petits télégraphistes de l'Empire (les pages consacrées à l'insignifiance de la « nouvelle philosophie » de BHL et de ses amis sont jubilatoires) et leurs adversaires altermondialistes ou misérabilistes (le mode sociologique-compassionnel d'une Florence Aubenas est dénoncé) sont renvoyés dos à dos. L'époque moderne, à-rebours de l'œuvre divine est une contre-création, un retour vers le néant qu'elle ne peut surmonter.
Informé et inspiré, le regard que Pierre le Coz pose sur notre histoire et sur son infernale actualité bouleverse les approches - philosophiques, politiques et même poétiques - contemporaines. Cette œuvre singulière (une arche, en vérité, où s'entassent tous les livres et autres trésors) bouscule le champ de la pensée. Si elle prend appui sur la pensée moderne (en prolongeant notamment les travaux de Debord, René Girard et Baudoin de Bodinat) elle frappe surtout par son discernement et par les enjeux qu'elle relance.