11 août
2004
Faut-il réécrire ULYSSE? par Katy Rémy
A la lumière de la nouvelle traduction qui vient d'être réalisée, l'œuvre de Joyce est maintenant soumise à la terrible question : Ulysse est-il encore lisible en anglais au XXIème siècle ?
Un des traducteurs pointe que le vocabulaire, la stylistique des passages écrits dans la langue verniculaire ne sont plus au goût du jour tels qu'ils ont été traduits et approuvés par Joyce parce que notre langue a beaucoup changé. Soit. Mais alors, pourquoi conserve-t-on le texte original si ces expressions sont aujourd'hui inefficaces, voire inadéquates?!
Certes, Joyce n'écrirait pas en 2000 comme il l'a fait. Et alors ? je ne vois pas ce qui autorise à interdire la lecture de cette œuvre monumentale à tout un public contemporain sous prétexte qu'il pratique la même langue que l'auteur, alors que le public francophone bénéficierait d'une relecture et d'une remise à niveau de la langue afin d'en faciliter l'approche.
Je croyais naïvement jusqu'ici que si l'on estimait devoir reprendre une traduction, c'était avant tout dans le but d'en fouiller le sens grâce aux outils, d'une autre sensibilité au texte, voire d'une nouvelle connaissance de son histoire.
Mais si la raison qui préside à ce travail est d'adapter un texte à une epoque, alors je peux demander qu'on réécrive tous les originaux dans leur langue originale, en se posant la seule question de savoir ce qu'écriraient Shakespeare, Proust, Molière, Pascal, Diderot aujourd'hui ? Et que des groupes d'experts refassent ce travail et republient ces textes fondamentaux de notre langue.
Ceci revient à dire que toute lecture d'un texte, et quelle qu'en soit la langue originale ou transposée, est une traduction.
En effet, les niveaux de la langue que j'utiise, que Sollers utilise, que Ravalec utilise, que la Starac utilise, les accents, les mouvements sociaux et culturels dont elle est l'expression, tout cela donne à la lecture son effet aléatoire. Il y a un abîme entre l'écriture et la lecture à tout point que l'on situe l'analyse.
Mais enfin, quand on lit de la littérature, on ne lit pas une notice technique, la marche à suivre pour l'installation d'un logiciel ou d'une machine à laver. On se propose, et c'est même pour certains l'enjeu le plus fascinant, de confronter des pensées, des réactions, et même, ô scandale ? des siècles!
Qu'on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas : la traduction n'est pas effectuée une fois pour toutes. Mais si l'objectif annoncé de ce travail colossal est de rendre accessible le sens des mots, alors le texte original est lui aussi atteint par la limite d'âge et doit faire l'objet d'un nouveau travail.
Un des traducteurs pointe que le vocabulaire, la stylistique des passages écrits dans la langue verniculaire ne sont plus au goût du jour tels qu'ils ont été traduits et approuvés par Joyce parce que notre langue a beaucoup changé. Soit. Mais alors, pourquoi conserve-t-on le texte original si ces expressions sont aujourd'hui inefficaces, voire inadéquates?!
Certes, Joyce n'écrirait pas en 2000 comme il l'a fait. Et alors ? je ne vois pas ce qui autorise à interdire la lecture de cette œuvre monumentale à tout un public contemporain sous prétexte qu'il pratique la même langue que l'auteur, alors que le public francophone bénéficierait d'une relecture et d'une remise à niveau de la langue afin d'en faciliter l'approche.
Je croyais naïvement jusqu'ici que si l'on estimait devoir reprendre une traduction, c'était avant tout dans le but d'en fouiller le sens grâce aux outils, d'une autre sensibilité au texte, voire d'une nouvelle connaissance de son histoire.
Mais si la raison qui préside à ce travail est d'adapter un texte à une epoque, alors je peux demander qu'on réécrive tous les originaux dans leur langue originale, en se posant la seule question de savoir ce qu'écriraient Shakespeare, Proust, Molière, Pascal, Diderot aujourd'hui ? Et que des groupes d'experts refassent ce travail et republient ces textes fondamentaux de notre langue.
Ceci revient à dire que toute lecture d'un texte, et quelle qu'en soit la langue originale ou transposée, est une traduction.
En effet, les niveaux de la langue que j'utiise, que Sollers utilise, que Ravalec utilise, que la Starac utilise, les accents, les mouvements sociaux et culturels dont elle est l'expression, tout cela donne à la lecture son effet aléatoire. Il y a un abîme entre l'écriture et la lecture à tout point que l'on situe l'analyse.
Mais enfin, quand on lit de la littérature, on ne lit pas une notice technique, la marche à suivre pour l'installation d'un logiciel ou d'une machine à laver. On se propose, et c'est même pour certains l'enjeu le plus fascinant, de confronter des pensées, des réactions, et même, ô scandale ? des siècles!
Qu'on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas : la traduction n'est pas effectuée une fois pour toutes. Mais si l'objectif annoncé de ce travail colossal est de rendre accessible le sens des mots, alors le texte original est lui aussi atteint par la limite d'âge et doit faire l'objet d'un nouveau travail.