29 sept.
2009
Poèmes de Guantanamo par Augustin Diaz
Il s'agit de la traduction en français du livre Poems from Guant„namo, publié par les Presses de l'Université de Iowa (USA) en 2007.
Impossible de porter un jugement d'ordre esthétique sur de tels poèmes, l'intérêt est ailleurs, par exemple dans la présentation de la genèse du livre par Marc Falkoff, l'un des avocats qui se battent pour le respect des droits des détenus ; où l'on voit l'efficacité de la propagande militaire US, l'usage qu'elle a fait de la torture et de la rhétorique ainsi que sa méfiance de la poésie :
... le Pentagone refuse d'autoriser la publication de la plupart des poèmes des détenus au motif que la poésie " présente un risque particulier " pour la sécurité nationale en raison de son " contenu et format. " Leur peur semble être que les détenus tentent de faire passer des messages codés depuis leur prison.
D'où la minceur du recueil ! Et les poèmes tous passés à la moulinette de l'anglais !
En fin de volume, on trouve une biographie succincte des 17 détenus publiés.
Cet ouvrage nous donne l'occasion de présenter l'éditeur Bruxellois BILIKI.
Ce terme est utilisé principalement au Maroc où il est l'équivalent de débrouillard ou d'accatone en italien, en hommage au célèbre film de Pasolini ; il me fait penser à Nasr Eddin, le sublime idiot qui parcourt la Turquie, la Perse ou le monde arabe sur le dos de son âne, et les poèmes de ce recueil à cette petite histoire :
Un jour, une cigogne blessée tombe dans la cour de Nasr Eddin, qui prend soin d'elle mais attend qu'elle soit rétablie pour lui limer son long bec et lui rogner l'extrémité des ailes.
- Maintenant que tu es devenue presque normale, lui dit-il en la laissant aller, tu peux fréquenter les autres.*
Depuis quatre ans, les éditions BILIKI publient entre autres des essais, des romans mais aussi de la poésie contemporaine en français ; les livres sont vendus à 60% sur le site Internet et 40% en distribution en librairie en France, Belgique, Québec, Maroc, Algérie, Tunisie ; des livres en arabe, anglais, japonais, portugais ont déjà paru et une collection en langue italienne est née en 2008.
Un petit éditeur qui sera, si ce n'est déjà fait, mis sous surveillance par les militaires, surveillé également et miné par les poètes, visant les long-sellers plutôt que les best-sellers, un comité presque clandestin tellement il est discret, une structure parfaitement adaptée à nos temps de migrations difficiles, (quand les cigognent risquent de ne plus passer).
* extrait de Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja recueillies et présentées par Jean-Louis Maunoury (éditions Phébus, 2006)
Impossible de porter un jugement d'ordre esthétique sur de tels poèmes, l'intérêt est ailleurs, par exemple dans la présentation de la genèse du livre par Marc Falkoff, l'un des avocats qui se battent pour le respect des droits des détenus ; où l'on voit l'efficacité de la propagande militaire US, l'usage qu'elle a fait de la torture et de la rhétorique ainsi que sa méfiance de la poésie :
... le Pentagone refuse d'autoriser la publication de la plupart des poèmes des détenus au motif que la poésie " présente un risque particulier " pour la sécurité nationale en raison de son " contenu et format. " Leur peur semble être que les détenus tentent de faire passer des messages codés depuis leur prison.
D'où la minceur du recueil ! Et les poèmes tous passés à la moulinette de l'anglais !
En fin de volume, on trouve une biographie succincte des 17 détenus publiés.
Cet ouvrage nous donne l'occasion de présenter l'éditeur Bruxellois BILIKI.
Ce terme est utilisé principalement au Maroc où il est l'équivalent de débrouillard ou d'accatone en italien, en hommage au célèbre film de Pasolini ; il me fait penser à Nasr Eddin, le sublime idiot qui parcourt la Turquie, la Perse ou le monde arabe sur le dos de son âne, et les poèmes de ce recueil à cette petite histoire :
Un jour, une cigogne blessée tombe dans la cour de Nasr Eddin, qui prend soin d'elle mais attend qu'elle soit rétablie pour lui limer son long bec et lui rogner l'extrémité des ailes.
- Maintenant que tu es devenue presque normale, lui dit-il en la laissant aller, tu peux fréquenter les autres.*
Depuis quatre ans, les éditions BILIKI publient entre autres des essais, des romans mais aussi de la poésie contemporaine en français ; les livres sont vendus à 60% sur le site Internet et 40% en distribution en librairie en France, Belgique, Québec, Maroc, Algérie, Tunisie ; des livres en arabe, anglais, japonais, portugais ont déjà paru et une collection en langue italienne est née en 2008.
Un petit éditeur qui sera, si ce n'est déjà fait, mis sous surveillance par les militaires, surveillé également et miné par les poètes, visant les long-sellers plutôt que les best-sellers, un comité presque clandestin tellement il est discret, une structure parfaitement adaptée à nos temps de migrations difficiles, (quand les cigognent risquent de ne plus passer).
* extrait de Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja recueillies et présentées par Jean-Louis Maunoury (éditions Phébus, 2006)