30 juin
2009
Vacance ou La chute d'Alice par Augustin Diaz
J'entends parler deux adolescentes dans le bus, l'une d'elles raconte qu'avec sa classe elle a été au théâtre où se jouait Macbeth. Ses camarades ont été choqués de voir Macbeth et Lady Macbeth non pas nus dans une baignoire, mais littéralement à poil. Ce qui les choquait unanimement en effet était que Lady Macbeth n'avait pas le pubis épilé, ils se demandaient si c'était pour faire « d'époque » et elle, l'adolescente, se demandait si elle était la seule au monde à ne pas avoir le pubis épilé et surtout à ne pas considérer que cela était important. Vive la vacance.
Je pense à elle avec un peu de soulagement après avoir essayé de lire La solitude des nombres premiers de Paolo Giordano (Seuil, 2009) qui raconte combien deux adolescents, elle anorexique, lui scarifié, se sentent marginaux, et le raconte avec un tel conformisme que je me sens doublement exclu, des marginaux et des autres. Premier chapitre : Alice en vacances aux sports d'hiver se chie dessus et à cause du brouillard, de la neige et de son père tombe dans un fossé : souvenir brumeux d'un livre autrement plus déjanté ? Mais moi, lecteur, je ne me relève pas de ce qui, ici, tombe à plat. Le livre de Paolo Giordano a en Italie un succès extraordinaire, cela ne suffit pas à faire de lui un bon livre, ni un mauvais d'ailleurs. Mais de grands lecteurs m'ont vivement conseillé ce livre qualifié d' « époustouflant » dans un article du Monde.
Ni épilé, ni pas épilé.
Mais j'aggrave mon cas : pour me relever, je lis un anti-best-seller, publié une première fois en 1973, et réédité récemment, Ida ou le délire d'Hélène Bessette, injustement oubliée jusque-là. J'arrive du fossé : les premières pages m'emballent, c'est cruel, drôle, sec. Sec ? vraiment ? Je pense tout d'un coup à Nathalie Sarraute, à ses faux dialogues comme dans Ida, certes, mais tellement plus violents, sans aucun effet de violence, simplement comme si chaque mot, même le plus anodin, devenait porteur de violence. C'est « ou le délire » qui ne va pas dans Ida, cette déclaration de poésie, ce trop appuyé qui finit par me hurler aux oreilles.
« (L'homme) est l'animal qui s'échappe ». *
Je pense à elle avec un peu de soulagement après avoir essayé de lire La solitude des nombres premiers de Paolo Giordano (Seuil, 2009) qui raconte combien deux adolescents, elle anorexique, lui scarifié, se sentent marginaux, et le raconte avec un tel conformisme que je me sens doublement exclu, des marginaux et des autres. Premier chapitre : Alice en vacances aux sports d'hiver se chie dessus et à cause du brouillard, de la neige et de son père tombe dans un fossé : souvenir brumeux d'un livre autrement plus déjanté ? Mais moi, lecteur, je ne me relève pas de ce qui, ici, tombe à plat. Le livre de Paolo Giordano a en Italie un succès extraordinaire, cela ne suffit pas à faire de lui un bon livre, ni un mauvais d'ailleurs. Mais de grands lecteurs m'ont vivement conseillé ce livre qualifié d' « époustouflant » dans un article du Monde.
Ni épilé, ni pas épilé.
Mais j'aggrave mon cas : pour me relever, je lis un anti-best-seller, publié une première fois en 1973, et réédité récemment, Ida ou le délire d'Hélène Bessette, injustement oubliée jusque-là. J'arrive du fossé : les premières pages m'emballent, c'est cruel, drôle, sec. Sec ? vraiment ? Je pense tout d'un coup à Nathalie Sarraute, à ses faux dialogues comme dans Ida, certes, mais tellement plus violents, sans aucun effet de violence, simplement comme si chaque mot, même le plus anodin, devenait porteur de violence. C'est « ou le délire » qui ne va pas dans Ida, cette déclaration de poésie, ce trop appuyé qui finit par me hurler aux oreilles.
« (L'homme) est l'animal qui s'échappe ». *
* Valère Novarina in L'Envers de l'esprit.