Mary Shelley de Haifaa al-Mansour par Géraldine Geay
Admettons que tout soit vrai
Vrai le coloriage de Byron, vraie la rapidité avec laquelle
Mary range son caprice
Vrai l’amour de Percy avant même de savoir si l’amour de Mary est vrai
Vrai qu’elle cesse vite de vouloir écrire en vers
Vrai que Percy ne souffle jamais qu’espoir
Elle filme l’année dernière pour la dernière fois
Dans la pré-aube du dix-neuvième siècle
Les tics déjà biodégradables
D’hommes
Qui n’ont jamais changé le monde en faisant
Des compliments aux femmes
Sur ce qu’ils faisaient eux aussi
Elle les filme finir
Sauf l’homme qui (je ne sais plus s’il présente ses excuses)
Comprend ce que sa liberté a fait à la femme
Qui y a largement survécu
Homme qui formule (je ne sais plus si c’est en vers ou non)
Ce qu’il a fait
Lui dont les phrases ont toujours pu
Elle filme finir les gâteries non regrettées
Et les lâches tels qu’ils ont toujours été : absurdes et loin
Et les calmes, dignes altruistes dont l’épilogue est aussi sombre
Elle filme les drames très fréquents
Qui arrivent à Mary
Pendant sa révolution
À Mary qui n’a pas encore inventé
Le chemin entre l’euphorie d’avoir écrit
Et écrire.