15 janv.
2008
Civil de Daniel Foucard par Nathalie Quintane
Le dernier livre de Daniel Foucard se passe dans la tête d'un flic.
Il s'appelle Josh Modena, il a un nom de héros et son nom est répété sur la quatrième de couverture comme celui d'un héros de cinéma ou de série.
Rectification : le dernier livre de Daniel Foucard se passe dans la tête d'un instructeur de l'école de police et dans les têtes de candidats au métier de policier. Le dernier livre de Daniel Foucard se passe dans la Police, là où on aimerait bien, par les temps qui courent, comprendre ce qu'il y a (et pas de blague, type s'il y a quelque chose; évidemment, qu'il y a quelque chose dans la tête de la Police ! Il y a ce qu'un gars comme Josh Modena y met.)
Bienvenue au centre de formation de la Police nationale.
C'est la première phrase du livre; une phrase qui prend date, à n'en pas douter, au même titre que Longtemps je me suis levé de bonne heure. On ne dira plus Longtemps je me suis levé de bonne heure pour évoquer une époque et sa littérature, mais on dira Bienvenue au centre de formation de la Police nationale. Vous verrez.
Le lecteur attentif - et il faudra l'être, attentif, dans ce livre piégé, plus écossais qu'une douche, où l'on adhère à trois phrases pour se demander à la quatrième comment on a bien pu se laisser aller à ce point-là - notera la comptine en exergue : une histoire de fermière/qui allait au marché.
C'est - peut-être - une indication quant au discours de Modena, un discours qui oscille entre la rigueur implacable, ou au moins les signes d'une rigueur implacable, l'enchaînement convenu :
Un jeune est un civil. Il cherche un pays, des lois, des recours, des actes, des marges de manœuvre, des libertés, des marchés, des produits, des avantages.
qui part en couille au même rythme et d'un seul tenant :
La révolte, il s'en branle, l'obéissance, il s'en branle, le dialogue, il s'en branle.
et les mises au point, hilarantes tant qu'on ne s'aperçoit pas qu'on pourrait les prendre au pied de la lettre :
Putain, mais on est de gauche, ok ? On sert la gauche, on sert des intérêts de gauche, on milite pour la gauche, comme des fonctionnaires, compris ?
«a ne s'arrange évidemment pas quand l'hyper-individualiste Modena cite l'individualiste Stirner. Les rares noms propres mentionnés semblent donner des indications en même temps qu'elles les brouillent.
Civil est l'un des livres qui en dit le plus (et le mieux) sur l'Etat de la République et l'état de sa langue : sous couvert de tirer systématiquement les conséquences de tel ou tel fait, de tel ou tel événement, la voix de l'Etat est d'une inconséquence rarement atteinte, comme si elle n'était plus réglée par rien d'autre que des lois circonstancielles prises au coup par coup et qui sont donc toujours à venir... s'appuyer sur un encore-à-faire, c'est s'appuyer sur du vide, sur un néant.
La fin du livre de Foucard (que je ne peux absolument pas révéler !) est à ce titre remarquable.
Il s'appelle Josh Modena, il a un nom de héros et son nom est répété sur la quatrième de couverture comme celui d'un héros de cinéma ou de série.
Rectification : le dernier livre de Daniel Foucard se passe dans la tête d'un instructeur de l'école de police et dans les têtes de candidats au métier de policier. Le dernier livre de Daniel Foucard se passe dans la Police, là où on aimerait bien, par les temps qui courent, comprendre ce qu'il y a (et pas de blague, type s'il y a quelque chose; évidemment, qu'il y a quelque chose dans la tête de la Police ! Il y a ce qu'un gars comme Josh Modena y met.)
Bienvenue au centre de formation de la Police nationale.
C'est la première phrase du livre; une phrase qui prend date, à n'en pas douter, au même titre que Longtemps je me suis levé de bonne heure. On ne dira plus Longtemps je me suis levé de bonne heure pour évoquer une époque et sa littérature, mais on dira Bienvenue au centre de formation de la Police nationale. Vous verrez.
Le lecteur attentif - et il faudra l'être, attentif, dans ce livre piégé, plus écossais qu'une douche, où l'on adhère à trois phrases pour se demander à la quatrième comment on a bien pu se laisser aller à ce point-là - notera la comptine en exergue : une histoire de fermière/qui allait au marché.
C'est - peut-être - une indication quant au discours de Modena, un discours qui oscille entre la rigueur implacable, ou au moins les signes d'une rigueur implacable, l'enchaînement convenu :
Un jeune est un civil. Il cherche un pays, des lois, des recours, des actes, des marges de manœuvre, des libertés, des marchés, des produits, des avantages.
qui part en couille au même rythme et d'un seul tenant :
La révolte, il s'en branle, l'obéissance, il s'en branle, le dialogue, il s'en branle.
et les mises au point, hilarantes tant qu'on ne s'aperçoit pas qu'on pourrait les prendre au pied de la lettre :
Putain, mais on est de gauche, ok ? On sert la gauche, on sert des intérêts de gauche, on milite pour la gauche, comme des fonctionnaires, compris ?
«a ne s'arrange évidemment pas quand l'hyper-individualiste Modena cite l'individualiste Stirner. Les rares noms propres mentionnés semblent donner des indications en même temps qu'elles les brouillent.
Civil est l'un des livres qui en dit le plus (et le mieux) sur l'Etat de la République et l'état de sa langue : sous couvert de tirer systématiquement les conséquences de tel ou tel fait, de tel ou tel événement, la voix de l'Etat est d'une inconséquence rarement atteinte, comme si elle n'était plus réglée par rien d'autre que des lois circonstancielles prises au coup par coup et qui sont donc toujours à venir... s'appuyer sur un encore-à-faire, c'est s'appuyer sur du vide, sur un néant.
La fin du livre de Foucard (que je ne peux absolument pas révéler !) est à ce titre remarquable.