Ça ne tient plus, Stéphane Nowak Papantoniou, 1 par Nathalie Quintane

Les Parutions

30 déc.
2022

Ça ne tient plus, Stéphane Nowak Papantoniou, 1 par Nathalie Quintane

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Ça ne tient plus, Stéphane Nowak Papantoniou

Soit deux livres à la couverture grise reçus ensemble ou presque :

Ça ne tient plus, chez Série discrète
Ecrase-mémoire, aux éditions Pariah. Et qui parlent de la même chose ou presque, mais pas du tout de la même façon sachant que ce qui conte c’est le contenant. 

 

Dans Ça ne tient plus, on a une figure : l’homme incontenant. Il émerge par à-coups sans définition autre que s’il entasse, ça fuit/s’il gagne, ça perd/s’il perd, c’est allégé. L’homme incontenant, c’est nous, c’est lui, Stéphane Nowak ; c’est qui que ce soit : l’homme incontenant forme un espoir/qui s’effrite chaque jour avec les glaciers

L’homme incontenant vit dans un monde effondré, le nôtre, et dans un livre qui ne parle que d’effondrement : l’effondrement de deux immeubles, rue d’Aubagne à Marseille en 2018, huit morts ; l’effondrement général : Les deux poumons asphyxiés : l’Amazonie par décapitation, les océans par étouffement. Rien là de l’ordre de la métaphore, rien là de l’ordre de la débandade imaginaire ou réelle. La langue est conduite, et elle est conduite par un préfixe : dys — « difficulté, anomalie, mauvais état ou mauvais fonctionnement de quelque chose ». C’est ce préfixe-principe qui fabrique les passages les plus justes, ajustés, comme ici ce bout de journal qui rappelle les démolitions en règle de Manuel Joseph : 

30 janv. — un iceb gé se brise, la fonte de la tactique s’accèle — un imme glagla est en train de se parer de la rière glacière de Larsen C dans la ninsule tarctique.

C’est ce même préfixe-principe qui observe comment la langue commune est (encore et toujours) infiltrée par des assassins :

 

« État de droit »
« Écologie réaliste »
(…)
« gauche réformiste »

Chaque mot en tue un autre. L’adjectif tue le nom et vice versa. Le complément du nom ne complète pas le nom : il le flingue. 

C’est le dys qui permet aussi de décrire au plus près ce que font aux corps les gaz des lacrymogènes :

ça touche les yeux bouches gorges
ça colle aux joues gencives
avec cet étrange sentiment
de se sentir en joue

 

 

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