Paul de Roux, poète du regard par Tristan Hordé
Paul de Roux (1937-août 2016) a fait « ce qu’il fallait pour se faire oublier », comme l’écrit Guy Goffette dans son introduction au volume de Poésie / Gallimard (2014) qui rassemble trois des minces recueils publiés, Entrevoir (1980), Le Front contre la vitre (1987) et La Halte obscure (1993). Presque tous les titres de ses recueils évoquent le regard : Paul de Roux est attentif aux êtres et aux choses du monde, à ce qu’ils ont de mystérieux, et il écrit son étonnement devant ce qui reste presque toujours énigmatique. Ce souci de voir ce qui est autour de soi, pour comprendre le réel fuyant, donc l’autre et soi-même, est aussi lisible dans les carnets, tous titrés Au jour le jour : 4 volumes parus au Temps qu’il fait, le premier en 1986, le cinquième au Bruit du temps en 2014, présenté par Gilles Ortlieb, qui lit ces dernière notes comme des « poteaux d’angle plantés au jour le jour », dans lesquelles « l’attention à la lumière et à ses variations, à autrui, bref au monde alentour (…) tient lieu tout à la fois de garde-fou, de questionnement ambulant, de compagnonnage et, in fine, de baume ou d’antidote à la vie telle qu’elle lui est devenue. » Paul de Roux regardait également, inlassablement, les tableaux, en particulier ceux du Louvre, écrivant à propos de la lumière chez Poussin, chez Le Lorrain, chez Rembrandt…, écrivant à propos de Pissaro, de Fantin-Latour. Avec des amis eux aussi restés à l’écart des modes et des mondanités, Georges Perros, Pierre Leyris, Jean Queval, Bernard Noël, il a animé une revue, La Traverse, de 1969 à 1974.