Michelle Grangaud (1941-2022) par Éric Houser
Poème fondu
Celle que j'avais sans le lui dire baptisée « la nana gramme », celle qui passait toutes ses journées à la BPI, celle qui avait écrit entre autres « Le bébé gaiement du beau Beaubourg »1 (l'écrin de la BPI), « Gestes », « État civil », « Poèmes fondus », « Calendrier des poètes »2, celle qui avait souffert et souffrait, celle qui n'aimait pas Céline ni son écriture, celle qui voulait écrire un chef-d'œuvre, celle que la littérature, et l'Oulipo, avaient sauvée, disait-elle, celle qui aimait Paris, et y marcher, et y prendre le bus et le métro, celle qui riait, celle dont la voix était si douce et hésitante, mais ferme et assurée pourtant (le noyau de la voix), Michelle Grangaud n'est plus, elle s'est fondue dans l'autre paysage. Le seul hommage que l'on puisse lui rendre est de continuer à lire et relire ses merveilleux livres.
1 aux éditions de l'Attente
2 tous aux éditions P.O.L