Annonements de Mitterrand par Jean-Paul Gavard-Perret
Pour l’anniversaire des100 ans de sa naissance il semble primordial de sauver le soldat Mitterrand. Ou de le rafistoler. D’où le pensum sentimental de ses lettres d’amour qui lui donnerait un autre lustre. Voire...
Ecrites par un quidam, il est fort à parier que ces missives auraient disparu directement à la poubelle de 5 rue de la rue Sébastien Bottin. Mais publier les vaticinations romantiques d'un président fleure le bon coup « littéraire » (même si dans ce cas l’adjectif est à manipuler avec précaution).
Le galant intime « annenone » ses fadaises en prenant bien soin de jouer de la litote. Jamais de cratère purpurin mais des lettres de collégien qui - sous prétexte d’assujettissement à la belle (mais pas de cas d’X) – se veulent obsessionnelles. Le mandataire cultive l’idiotie lyrique qui prouve ce que disait Baudelaire, à savoir que président ou non, « les élégiaques sont des canailles ».
De ce brouet sirupeux rien ne ressort sinon une rhétorique académique très XIXème siècle. Elle frôle ou caresse parfois le ridicule. Le miserere venu d’une lésion de type inflammatoire ressemble à un long ténia qui voudrait faire penser qu’une telle poésie vient des tripes. Elle ne sort que de l’ennui d’une séance des ministres où l’amoureux passe le temps et se relaxe comme il peut.
Tout exsudat vidangé, l’écriture avance avec fierté comme mue par un Popeye en manque d’épinards. La belle est de bonne engeance il ne faut pas la choquer par des quintes libidinales superfétatoires ou des prurits appuyés : la coloquinte est plus le fait du Casanova charentais (ce qui est méchant pour le Vénitien).
L’amour devient une occupation connexe à la politique. A moins que ce ne soit le contraire. Mais dans les deux cas sans renouveau démocratique. L’auteur soigne son ego à travers ses meringues qu’il voudrait addictives pour celle qui représente le violon d’Ingres d’un ersatz de Villon dingue.
Le vieux renard se fait mouton devant son « « annegnelette enveloppée de crépinette soyeuse. Tout cela suinte le « sent bon » du Rackham le rose des bassins d’orgeat d’une littérature bourgeoise et illustre tout ce que le Prince (sans rire) est capable d’accomplir pour jouer à cache-cache dans le jardin d’amour dont il ne cessa de dessiner les contours.