WINTER IS COMING, 8 par Jean-Yves Bochet
DES SÉRIES ÉNERVÉES AU PAYS DU MATIN CALME
C’est par le cinéma que tout a commencé. Dès le début des années 2000, des films de genre violents, à la mise en scène précise et nerveuse, ont envahi l’Europe et donc la France, squattant les festivals et réjouissant les « bissophiles ». Prenant la place laissée vacante par le cinéma hongkongais alors en difficulté, des films comme « Old boy », « Memories of murder » ou bien encore « J’ai rencontré le diable » pour ne citer que ceux-là, ont rempli les salles françaises et signalé l’existence d’un nouveau territoire cinématographique : la Corée du Sud.
À cette époque, les noms de Kim Jee-Woon, Bong Joon Ho, et Park Chan Wook se sont inscrits sur le fronton de nombreux multiplexes, tandis que ceux de Kim Ki Duk, Lee Chang Dong ou Hong Sang Soo , aux films moins populaires, s’affichaient à l’entrée des cinémas d’art et d’essai.
Les plus jeunes se sont passionnés pour la KPop (ou pop coréenne), ces groupes musicaux de garçons et de filles créés par les labels et popularisés tout d’abord par les émissions de télévision avant d’exploser mondialement par le canal des réseaux sociaux.
Pendant ce temps-là, et ce depuis la fin des années 70, la télévision coréenne diffusait, du matin au soir, d’interminables feuilletons, des télénovelas asiatiques romantiques et mélodramatiques : les KDramas (K pour Korean et drama étant l’expression anglaise servant à désigner séries et feuilletons).
Ces programmes se déclinaient en trois grandes catégories : familiale (les difficultés de vivre ensemble dans une société urbaine et patriarcale), historique (aventures situées pendant la période appelée Joseon , qui va de la fin du 14ème siècle au début du 20ème) et comédie romantique (les histoires d’amour commencent mal et finissent toujours bien). Chaque épisode durait entre une heure et une heure et demie et le KDrama s’étendait en moyenne sur 16 épisodes mais certains pouvaient en contenir jusqu’à 50 voire même 100. Acteurs et actrices interprétaient des personnages aux caractères extrêmement formatés, couples aux amours compliquées qui ne s’embrassaient, d’un baiser très furtif, qu’à partir du 10ème épisode, mais vivaient des aventures pleines de rebondissements qui passionnaient l’Asie tout entière, sans pour cela intéresser les autres continents.
Vers la fin des années 90, soucieuses de conquérir un nouveau public, les chaînes de télévisions coréennes ont décidé de moderniser les intrigues de leurs dramas, tout en y introduisant du placement de produit et à rajeunir les interprètes de ces feuilletons qui ont commencé à ressembler à « Plus belle la vie » plus qu’aux « Feux de l’amour ». C’est à dire des scénarios tenant compte de l’évolution de la société plutôt que des histoires mélodramatiques, irréalistes et hors du temps. Puis, par la suite, les genres se sont multipliés et le fantastique, le thriller et la science-fiction (le voyage dans le temps est présent dans de nombreuses séries coréennes depuis une dizaine d’années) font bientôt part égale avec les thématiques historiques et autres romances.
À partir des années 2000, la popularité des KDramas déborde légèrement du continent asiatique. La qualité des scénarios, de la photographie et de la mise en scène donne à ces séries (quelques grands réalisateurs et scénaristes coréens commençant à s’y intéresser) une audience grandissante.
En France, sur le Net et les réseaux sociaux, de plus en plus d’amateurs ont exprimé leur intérêt pour les dramas coréens, pendant que nombreux d’entre eux fabriquaient des sous-titres pour en faciliter la diffusion.
Et Netflix est arrivée. A partir de 2016, la plateforme s’est intéressée aux KDramas et a commencé à en diffuser certains parmi les plus populaires, jusqu’en 2021 où le succès interplanétaire de « Squid game » a hissé la Corée du Sud dans le peloton de tête des fabricants de fictions télévisuelles. Depuis, la plateforme au logo rouge diffuse et même commande et produit de plus en plus de séries coréennes. Elle en a prévu 35 nouvelles en 2023, alors que 60 % de ses abonnés ont regardé au moins un Kdrama. Et les autres suivent : Disney+, Apple TV, Prime video et Paramount se sont mises elles aussi à en inscrire de nombreuses sur leurs catalogues.
C’est donc en 2021 que les téléspectateurs du monde entier ont découvert les séries coréennes avec la diffusion sur Netflix de « Squid Game ».
Déjà en partie exploitée par Kinji Fukasaku ( réalisateur entre autres des plus grands films de yakuzas de la fin des années 60 et du début de la décennie suivante), dans son dernier film « Battle Royale » (avec Takeshi Kitano en maitre du jeu), l’idée de ce drama est simple : 456 personnes ayant de gros besoins d’argent, acceptent de relever un étrange défi : participer à des jeux d’enfants, comme « un, deux, trois, soleil », à la fin des épreuves, le ou les finalistes repartant avec une énorme somme d’argent.
Mais, petit détail qui a son importance et fait tout le sel du drama : les perdants seront exécutés sommairement à la fin de chaque jeu.
Hwang Dong Hyuk, réalisateur de la série, vient du cinéma et « Squid Game » se révèle non seulement une série passionnante et pleine de suspens, mais aussi beaucoup plus profonde que l’on aurait pu le penser à la lecture du pitch.
Tension et violence sont présentes à chaque épisode, bien sûr étant donné le caractère mortel de chaque épreuve et l’angoisse monte quand un ou une participante montre des signes de faiblesse ou de défaillance, mais aussi, car chaque jeu recèle de nouvelles difficultés potentiellement mortelles et la même question revient alors nous tarauder, nous spectateurs impuissants : qui va mourir ?
Car la deuxième grande qualité de ce show est que, entre deux scènes paroxystiques qui nous clouent sur le canapé, le scénario développe un à un les caractères de quelques personnages, les faisant exister, nous laissant craindre minute après minute qu’ils disparaissent, abattus par ces êtres profondément cyniques qui mènent le jeu. Leurs difficultés sociales et financières s’inscrivent alors à l’intérieur d’une sorte d’observation de la société coréenne, alors en pleine crise liée au COVID et de critique du capitalisme à travers ce jeu d’enfant sordide.
Il faut signaler aussi le traitement visuel de l’histoire, les couleurs intensifiées des plans de jeu leur donnant l’aspect excentrique et magique du monde enfantin alors que la mort des participants est, elle, extrêmement réaliste et que le côté impersonnel et masqué des costumes des organisateurs et autres petites mains du jeu, accentue l’image totalitaire de l’expérience.
Mêlant réalisme terrible et irréalisme absurde, « Squid Game » est une belle réussite, dont la saison 2 va, je crois, très bientôt apparaître sur les écrans.
Le fantastique et l’horreur s’immiscent par petites touches dans « Squid Game », mais sont les thématiques principales d’autres récentes séries coréennes tout aussi fascinantes et présentes sur les plateformes déjà nommées.
Si comme de nombreux téléspectateurs, vous vous êtes lassés des « marcheurs », ces morts-vivants de plus en plus fatigués qui importunent depuis une éternité (au moins 11 saisons) les quelques survivants, eux aussi épuisés, à l’apocalypse, dans « The Walking Dead », ces quelques dramas coréens vont vous réconcilier avec les zombies.
« Kingdom », déjà riche de deux saisons est un « sageuk », un drama historique, se situant dans cette immense période de la Corée médiévale appelée « Joseon » qui dura plus de 600 ans, l’action se situant plutôt ici au 17ème siècle. Dans cette société féodale corrompue et totalitaire, un jeune prince, dont le père est en train de mourir d’un mal mystérieux, part en voyage avec son garde du corps pour en apprendre un peu plus sur cette affection. Il comprendra très vite que ce virus est mortel, qu’il transforme les malades en zombies avides de chair humaine et qu’il se répand très rapidement dans tout le pays. Pendant ce temps-là, à la Cour, les complots se multiplient pour la succession du trône. La série se développe à partir d’un scénario complexe aux nombreuses ramifications, très loin de la simplicité anémique de « The Walking Dead », alternant avec finesse scènes d’action gore et violentes et intrigues politiques, filmées dans des décors et une nature d’une beauté à couper le souffle.
Dans « All of us are dead », il y a des zombies. Il y en a même beaucoup, tout aussi agressifs que leurs ancêtres de « Kingdom », mais plus jeunes et plus contemporains.
Aujourd’hui, dans le lycée d’une petite ville, un virus frappe brutalement adolescents et professeurs, les changeant en zombies affamés. A partir d’une base scénaristique assez simpliste le réalisateur de « All of us are dead » : Lee Jae Kyu, grâce à une mise en scène très créative, nous propose une série tout à la fois terrifiante, angoissante, toujours captivante et parfois même émouvante.
En effet, dès que le monde hors du lycée apprend l’existence du virus et des infectés, il est décidé dans les plus hautes instances de mettre en quarantaine l’école et de la couper du reste du pays, voire même, un peu plus tard dans l’histoire, de la détruire.
Les élèves survivants à l’invasion, doivent alors se débrouiller avec les moyens du bord, coincés dans leur lycée, pour tenter d’échapper à la horde de zombies, qui ne cesse de grossir, et qui voudrait les dévorer. Lee Jae Kyu se sert alors de sa caméra d’une manière très inventive pour filmer les espaces clos et réduits et faire entrer et sortir ces lycéens qui luttent contre les assaillants, donnant lieu à des scènes d’action, de combat et de débrouille assez stupéfiantes. Entre un massacre à la cantine et une barricade de tables et de chaises érigées et défendues comme une forteresse dans une salle de classe face à une horde de zombies, il y a de nombreux moments mis en scène d’une façon proprement incroyable. D’autre part, la plupart des personnages étant des adolescents, la série s’attarde fréquemment sur leurs difficultés à vivre ce passage de l’enfance à l’âge adulte, particulièrement quand on se retrouve seuls, coupés du monde, à lutter pour sa survie. Les autorités décidant à un moment de se séparer de ce bras infecté et presque mort que représente ce lycée, le ton du drama devient de plus en plus noir et il y aura bien besoin d’une saison 2 (qui ne devrait pas tarder), pour répondre aux questions qui restent posées à la fin de celle-ci.
Netflix diffuse depuis très peu de temps « Duty after school », un drama au scénario et à l’ambiance très proches de ceux de « All of us are dead ».
Dans un futur proche coréen, des sphères sont apparues dans le ciel, sans doute extraterrestres mais apparemment inertes. Or, un soir, l’une d’entre elles tombe dans la cour d’un lycée, dévoilant une créature horrible et féroce qui s’empresse de dévorer un lycéen. Très rapidement, d’autres sphères dégringolent, pleines de petites bestioles rapides, agressives et affamées, provoquant l’apocalypse. Paniquée et débordée, l’armée va faire appel aux lycéens pour les préparer à ce « devoir après l‘école » que sera la guerre. La force de cette série vient tout d’abord de ces personnages, on est émus de la maladresse de ces jeunes gens, garçons et filles, absolument pas préparés à ce qui les attend, ce qui donne lieu à de nombreuses scènes assez drôles et l’on craint à chaque épisode (il y en a 10) de voir disparaître certains d’entre eux, massacrés par ces saloperies d’aliens. D’autre part, les effets spéciaux sont très soignés et de ce fait, les scènes d’action et de combat avec les extraterrestres sont littéralement cauchemardesques. Drama adolescent, série de science-fiction et finalement critique violente du système scolaire coréen, « Duty after school » a vu ses deux premiers épisodes présentés au festival Séries Mania, cette année.
Pour en finir, provisoirement, avec les dramas « monstrueux », signalons quelques autres programmes qui méritent d’être vus.
Précisons que toutes les séries évoquées jusqu’ici (en dehors de « Squid Game ») sont des adaptations de bandes dessinées conçues pour être diffusées en ligne, dont la production, en raison de leur succès, est exponentielle depuis quelques années, et particulièrement en Corée, que l’on appelle des « webtoon ».
« Sweet Home », commandée par Netflix et adaptée d’un webtoon, est la série coréenne la plus chère jamais réalisée et aussi, sans doute, l’une des plus belles et des plus horrifiques. Décidément la COVID a beaucoup inspiré les artistes coréens, puisque tout commence dans « Sweet Home » par une pandémie qui transforme ici les humains en monstres, dont l’apparence reflète l’état d’esprit, la mentalité ou le désir pervers de l’infecté. Pour ce faire, les créateurs d’effets spéciaux, par le maquillage ou en digital ont inventé des entités monstrueuses originales et réjouissantes, qui ont demandé beaucoup de travail dans différents studios mondiaux et ont englouti la majeure partie du gros budget de la série. Le drama se déroule, durant la presqu’intégralité de ses 10 épisodes, dans un vieil immeuble de Séoul, confrontant les différents habitants à l’invasion de ces créatures horrifiques.
L’esthétique du drama est magnifique, alternant noirs profonds et couleurs éclatantes, les scènes d’action sont remarquablement filmées, le réalisateur utilisant à la manière de celui de « All of us are dead » chaque centimètre de tous les lieux clos de l’immeuble comme s’il avait à sa disposition les grands espaces de Monument Valley. On peut ajouter à ces quelques remarques que le jeu toujours juste et précis des acteurs et la finesse du scénario qui ne se contente pas de faire défiler un bestiaire monstrueux impressionnant, mais développe par petites touches la personnalité de chaque habitant de l’immeuble, font de ce drama un spectacle certes noir, violent et gore mais aussi de grande qualité, dont la fin ouverte fait espérer une deuxième saison.
Il n’est pas très étonnant que Yeon Sang Ho, réalisateur de deux films de zombies qui ont fait carton plein récemment dans les salles ; « Dernier train pour Busan » et « Peninsula », ait lui aussi mis en scène une série « monstrueuse ». Il s’agit de « Hellbound », adaptation de son webtoon.
A Séoul, dans une Corée du Sud dystopique menacée de dictature religieuse, sorties du néant, de monstrueuses créatures apparaissent dans des lieux publics pour condamner à mort un individu choisi, avant de rejoindre leur univers. La police enquête lorsqu’intervient à la télévision Jung Jinsu, gourou de « La Nouvelle vérité », une secte religieuse qui démontre que les victimes sont punies par Dieu de leurs péchés afin de remettre les humains sur le chemin de la vertu.
Un flic et une avocate s’associent, dans un pays au bord du chaos, pour tenter de prouver que Dieu n’a pas grand-chose à voir dans tout ça. Cette série courte, six épisodes, acclamée au festival de cinéma de Toronto, traite avec plus ou moins de finesse des dangers de l’extrémisme, ici religieux, mais recèle de belles scènes d’action, agrémentées d’effets spéciaux très réussis. Une fois encore, la fin ouverte augure sans doute d’une deuxième saison.
Citons, pour en finir avec le genre : « Happiness », dans laquelle des individus, à la suite d’une mystérieuse infection, deviennent fous, agressifs et assoiffés. Une série qui utilise encore les lieux clos d’un complexe d’immeubles avec beaucoup de créativité et dénonce les dérives de l’industrie pharmaceutique.
Ce qui m’offre une transition parfaite avec cette autre grande thématique des dramas coréens qu’est le thriller politique et sociétal.
En effet, depuis quelques années, sont apparues d’excellentes séries, souvent écrites et mises en scène par des scénaristes et des réalisateurs venus du cinéma, mélodrames policiers et critique, la pluspart du temps violente, du capitalisme et de la politique coréenne.
Comportant entre 12 et 20 épisodes d’une heure et quart environ, ces séries montrent en général le combat d’un homme, accompagné parfois d’une femme, contre la corruption présente dans les rouages de l’état et les grandes entreprises prêtes à toutes les turpitudes pour augmenter leurs profits. C’est la lutte du pot de terre contre le pot de fer, le premier finissant par gagner mais après avoir traversé des épreuves terribles, provoquant d’irréversibles dégâts.
Les scénarios sont toujours complexes, presque trop parfois, écrits par des professionnels qui connaissent sur le bout de leur clavier tous les ressorts de la littérature populaire, laissant, à chaque fin d’épisode le spectateur ébahi devant la multitude et la richesse des coups de théâtre. Acteurs et actrices, excellents au demeurant, expriment souvent leurs sentiments d’une manière légèrement outrée, à la limite du grotesque, mais cela fait partie du spectacle et l’on se prend très rapidement à l’apprécier. La musique est presque toujours omniprésente, soulignant lourdement les scènes cruciales, que certains réalisateurs n’hésitent pas à allonger, pensant en augmenter la puissance mélodramatique. Mais à ça aussi on s’habitue, emporté par la force de l’histoire. Car ce qui est formidable dans ces dramas, c’est que les concepteurs de ces grands suspens mélodramatiques ne donnent pas l’impression d’avoir tout compris du genre et de faire du « à la manière de ». Ils croient à leur scénario et en utilisent toutes les possibilités, refusant par avance de n’être pas dupes. Et je ne connais pas beaucoup de pays, qui, par le biais de leurs fictions télévisuelles, s’attaquent aussi vivement à la corruption étatique et à la rapacité inhumaine de leurs entreprises.
Parmi toutes les perles du genre, quelques dramas sont vivement conseillés.
Tout d’abord, « Vincenzo », dans lequel un jeune avocat, « consigliere » d’une famille de la mafia italienne, revient dans son pays, pour des raisons purement lucratives et se retrouve, bien malgré lui, à aider tous les habitants d’un immeuble à lutter contre une multinationale qui veut les chasser. C’est drôle, quelquefois absurde, parfois émouvant, bourré à craquer de coups de théâtres imprévisibles et rempli de personnages haut en couleurs.
« Mouse » est sans nul doute la plus surprenante de toutes les séries coréennes abordées ici.
Mêlant expériences génétiques, tueurs en série, clin d’œil aux « Mains d’Orlac » de Maurice Renard, enquête policière palpitante et passion amoureuse compliquée, « Mouse » est un thriller remarquable, dont l’histoire impossible à résumer est écrite par Choi Ran, une scénariste reconnue pour sa science des cliffhangers. Et dans « Mouse » elle se surpasse. Il faudrait pouvoir citer tous les acteurs et actrices de la série, tous excellents, et de scène éprouvante en suspens insoutenable, le spectateur titube et en redemande à la fin de chaque épisode. De la grande fiction populaire.
Vaguement adapté des Quatre filles du docteur March, « Little Women » est scénarisée par un collaborateur de Park Chan Wook pour « Mademoiselle » et « Decision to leave » et mis en scène par la réalisatrice de « Vincenzo ». C’est encore une fois un thriller social de haute tenue dans lequel trois sœurs, abandonnées par leur mère, et vivant ensemble très chichement, dans un petit appartement, vont voir leur vie totalement bouleversée lorsque l’une d’entre elles récupère une énorme somme d’argent que lui a mystérieusement léguée une collègue de bureau disparue. À partir de ce moment-là, la série prend une tournure plus politique avec l’entrée en scène du couple diabolique d’un politicien et de sa femme, dont on comprendra assez vite, au bout de quelques épisodes, qu’ils sont à la tête d’un énorme complot politico-médiatique. Mais chaque fin d’épisode apporte son lot de surprises et de changements d’identités et comme dans « Mouse », le spectateur ne sait plus bien, assez rapidement, qui est qui et qui manipule qui. On peut ajouter à cela un travail sur les couleurs, les décors et les costumes de toute beauté, particulièrement dans les moments situés dans la maison du politicien et une réalisation énergique qui s’exprime magnifiquement dans les scènes de tension et d’action.
On peut citer encore parmi les nombreux dramas de qualité qui nous viennent de Corée du Sud « Vagabond », un thriller politique nerveux et spectaculaire dans lequel un cascadeur veut démontrer, seul contre tous, que la mort de son très jeune neveu dans un crash d’avion n’était pas un accident. Il ira pour cela jusqu’à menacer le chef de l’état.
Et pour en finir provisoirement, évoquons « Big mouth » une belle série un peu dans l’esprit de « Mouse », dans laquelle un jeune avocat tombe dans un piège qui le mènera en prison, sous l’alias du plus grand criminel du pays : « Big Mouse » (sic) dont l’identité était restée inconnue jusqu’à présent. À l’aide d’un scénario, une fois encore très brillant, « Big Mouth » va de rebondissement en rebondissement, illustrant la quête de ce jeune avocat, qui pour obtenir justice est prêt à tout, y compris à perdre son âme. Passionnant et souvent émouvant.
Finalement, je ne comprends pas pourquoi on continue à appeler la Corée du Sud le Pays du Matin Calme.