29 oct.
2003
Future concentration de R. Federman. par Jacques Demarcq
Artpress, Les Inrockuptibles couvrant Federman de fleurs branchées, on doit se méfier. Leur boutique de mode a pour enseigne « à la découverte », dira-t-on ; il faut bien qu'ils en fassent une de temps à autre. Certes, mais vu leur penchant à la barbarie... Lorsque Henric, bientôt suivi par Savigneau, compare Angot à Céline, c'est sur l'écriture de Céline que j'attrape des doutes. Et j'en ai sur celle de Federman romancier, qui plaît tant à ces incapables.
Federman est un impur. Un Amerlock juif parachutiste beckettien jazz. Costume d'Arlequin qui colore assez peu sa littérature. Mais j'aime les impurs.
Dans Amer Eldorado ou La Fourrure de ma tante Rachel, deux romans reparus en fait de découverte chez l'éditeur mode Al dante, Federman, enfant d'un siècle de salauds dont il n'est pas sorti indemne, joue les zigotos musclés d'humour. C'est tonique et ça plaît. Des lecteurs cultivés (pas les susmentionnés) parlent de Sterne et Diderot, ce qui est juste, mais quant à s'interroger sur la catastrophe (Lumières du XVIII ou du XXe) que suppose un tel rapprochement, allons bon... c'est de divertissement qu'il s'agit, pas d'interprétation postmarxiste.
Les impurs ont les pieds dans la bouillasse de l'histoire. Pour ça qu'ils avancent sur les pointes, font leur danseuse, tortillent de l'entrechat. Je connais ces faux-fuyants. Federman est un auteur sérieux.
Suffit d'aller voir les deux livres de poèmes qu'il publie chez un petit éditeur, pas mode et novice. La poésie, en plus, ça intéresse qui ? Surtout quand ça ne donne aucun gage au poétiquement admis : pas de riches images, pas de langue déglinguée non plus ; rien que du direct, tranquille, sans effets. Si bien qu'il y a, au milieu de Future Concentration , quelques grands petits poèmes, comme on en est rarement capable, genre « La servante au grand cœur ». L'un de ceux à sa mère par exemple : « Mon plus grand plaisir / quand j'étais petit garçon / c'était quand ma mère / me lavait dans une cuvette ». Ou bien à sa sœur assassinée pareillement à Auschwitz : « mon frère me dit-elle / parmi les feuilles mortes / quand tu es tombé amoureux / pour la première fois / et que tu as ressenti en toi / le grand frisson originel / que tout s'est mis à tourbillonner / est-ce que tu t'es senti heureux / pour moi aussi ».
NB Pour se procurer ce livre actuellement, le mieux est de s'adresser directement à l'éditeur, Yves Jolivet :
35, Traverse de Carthage
13 008 Marseille
Tel.fax 04 91 73 41 88
yves.jolivet@wanadoo.fr
Federman est un impur. Un Amerlock juif parachutiste beckettien jazz. Costume d'Arlequin qui colore assez peu sa littérature. Mais j'aime les impurs.
Dans Amer Eldorado ou La Fourrure de ma tante Rachel, deux romans reparus en fait de découverte chez l'éditeur mode Al dante, Federman, enfant d'un siècle de salauds dont il n'est pas sorti indemne, joue les zigotos musclés d'humour. C'est tonique et ça plaît. Des lecteurs cultivés (pas les susmentionnés) parlent de Sterne et Diderot, ce qui est juste, mais quant à s'interroger sur la catastrophe (Lumières du XVIII ou du XXe) que suppose un tel rapprochement, allons bon... c'est de divertissement qu'il s'agit, pas d'interprétation postmarxiste.
Les impurs ont les pieds dans la bouillasse de l'histoire. Pour ça qu'ils avancent sur les pointes, font leur danseuse, tortillent de l'entrechat. Je connais ces faux-fuyants. Federman est un auteur sérieux.
Suffit d'aller voir les deux livres de poèmes qu'il publie chez un petit éditeur, pas mode et novice. La poésie, en plus, ça intéresse qui ? Surtout quand ça ne donne aucun gage au poétiquement admis : pas de riches images, pas de langue déglinguée non plus ; rien que du direct, tranquille, sans effets. Si bien qu'il y a, au milieu de Future Concentration , quelques grands petits poèmes, comme on en est rarement capable, genre « La servante au grand cœur ». L'un de ceux à sa mère par exemple : « Mon plus grand plaisir / quand j'étais petit garçon / c'était quand ma mère / me lavait dans une cuvette ». Ou bien à sa sœur assassinée pareillement à Auschwitz : « mon frère me dit-elle / parmi les feuilles mortes / quand tu es tombé amoureux / pour la première fois / et que tu as ressenti en toi / le grand frisson originel / que tout s'est mis à tourbillonner / est-ce que tu t'es senti heureux / pour moi aussi ».
NB Pour se procurer ce livre actuellement, le mieux est de s'adresser directement à l'éditeur, Yves Jolivet :
35, Traverse de Carthage
13 008 Marseille
Tel.fax 04 91 73 41 88
yves.jolivet@wanadoo.fr