La naturalisation par Frédérique Guétat-Liviani
Au mois de juin on tue trois transalpins.
On en blesse vingt et un.
Pendant quatre jours il faudra les traquer.
Un des leurs a sifflé un soldat Français.
C’est en 1881.
Treize ans plus tard c’est encore un des leurs.
Un enfant de vingt ans.
Armé d’un couteau noir et rouge il assassine un président.
Les Italiens sont désignés.
Pris en chasse leurs immeubles incendiés leurs magasins pillés.
Au siècle suivant la Triplice signe la trahison.
La multitude a peur de l’ennemi intérieur.
Parmi eux la fédération recrute les meneurs.
Les agitateurs les propagateurs.
Mais parfois ce sont leurs prières qui sont trop bruyantes.
Leurs crucifix ostentatoires.
Leur vierge Marie trop pleine de grâce.
Leur Rita sainte patronne des causes perdues pas pour tout le monde.
A ciel ouvert ou bien fermé l’exploitation est souterraine.
Le temps presse.
Les mines aspirent la main d’œuvre.
La naturalisation est projetée.
Si le nom s’y refuse la langue devra l’abandonner.
L’acclimatation est irréversible.
Pendant quelque temps on maintiendra l’apparence du vivant.
Les gisements pourtant s’épuiseront.
On devra inventer d’autres étrangers.