La naturalisation par Frédérique Guétat-Liviani

Les Parutions

24 sept.
2013

La naturalisation par Frédérique Guétat-Liviani

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Au mois de juin  on tue trois transalpins.

On en blesse vingt et un.

Pendant quatre jours   il faudra les traquer.

Un des leurs a sifflé   un soldat Français.

C’est en 1881.

Treize ans plus tard   c’est encore un des leurs.   

Un enfant de vingt ans.    

Armé d’un couteau    noir et rouge   il assassine    un président.

Les Italiens sont désignés.

Pris en chasse   leurs immeubles incendiés   leurs magasins pillés.

Au siècle suivant    la Triplice    signe la trahison.

La multitude a peur de l’ennemi intérieur.

Parmi eux    la fédération    recrute les meneurs.

Les agitateurs   les propagateurs.

Mais parfois   ce sont leurs prières   qui sont trop bruyantes.

Leurs crucifix    ostentatoires.  

Leur vierge Marie    trop pleine de grâce.

Leur Rita     sainte patronne des causes perdues    pas pour tout le monde.

A ciel ouvert      ou bien fermé      l’exploitation est souterraine.

Le temps presse.

Les mines aspirent la main d’œuvre.

La naturalisation est projetée.

Si le nom s’y refuse   la langue   devra l’abandonner.

L’acclimatation est irréversible.

Pendant quelque temps   on maintiendra    l’apparence du vivant.

Les gisements pourtant    s’épuiseront.

On devra inventer    d’autres étrangers.

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