Le Garçon Cousu de Liliane Giraudon par Frédérique Guétat-Liviani
Le Garçon cousu c’est du théâtre au sens large et seulement le blanc du livre un souvenir du poème il a été écrit dans le deuil et le rejet du poème comme objet savant et réservé dans la mélancolie des livres pour enfants…dit Liliane Giraudon.
Pour ma part j’ai lu Le Garçon cousu comme on lit un livre de contes.
Un conte en six tableaux peuplés d’ombres de monstres de fantômes.
Pas de personnages rien que des voix qui circulent sur un plateau.
Les noms portés ont été gommés (ou dégommés ?) il reste quelques prénoms.
Huguette…Hélène…prénoms dont l’initiale est la lettre muette entre les muettes.
Pourtant les voix on les entend mais seulement en-dedans.
Franz qui lui aussi a perdu son nom constate que l’amputation
n’a pu faire taire Didascalie.
Les voix sont celles des englouti(e)s : peuples entiers amoureuses éconduites
sorciers androgynes folles furieuses…
Confrontées aux tourments du monde elles devront surmonter l’épreuve du livre.
C’est à ce prix qu’elles s’uniront aux corps des revenants.
Mais le plateau est un territoire et l’occupation du corps des femmes toujours aussi violente.
Les monstres sont banals l’auteur dit qu’ils ne peuvent se passer de compagnie.
Marins parfois ils aspirent les restes d’humanité tandis que leur firme déverse
le Noir animal dans le port.
Les bêtes indomptables côtoient les domestiques et les poétesses complotent avec les ombres. C’est pour cette raison qu’elles soliloquent il est parfois préférable de se faire passer pour dingue…le bûcher n’est jamais très loin.
D’ailleurs on retire déjà les livres des rayons et le directeur du Centre Canin menace de lâcher les chiens.
Cependant Nietzsche Horace Sade et Racine prennent le temps de faire des digressions en compagnie des poétesses anonymes.
L’armée des ombres tente de faire sauter les résidences d’écriture ou de personnes âgées
peu importe ce qui compte c’est la liberté !
Pour accompagner la révolte les transformistes échangent leurs souliers.
Mais la répression ne va pas tarder.
Le temps s’accélère les voix sont des numéros des chiffres sacrés qui partiront bientôt en fumée.
…les jeunes sorciers lorsqu’ils étaient beaux flambaient plus vite que les autres…
Pour un impeccable tombé Le costume du garçon est cousu à même la peau.
Les lamproies excellent dans l’exercice des pertes et profits les peuples sans langue assistent muets à la spoliation.
Les vies décousues emportent avec elles amours et secrets de coléoptères.
A la fin du livre on assiste au réveil de la vieille veuve.
Trop tard.