Le Fils en trop de Dominique Grandmont par Jacques Demarcq

Les Parutions

18 mai
2007

Le Fils en trop de Dominique Grandmont par Jacques Demarcq

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  Dominique Grandmont, né en 1941, est poète (auteur d'une trentaine de livres) et traducteur (Holan, Seifert, Ritsos, Cavafis). Le Fils en trop est son autobiographie jusqu'à 25 ans : l'histoire d'une douleur irrémissible sur laquelle il porte un regard lucide et pour autant jamais froid, toujours ému.

  Je suis comme un asocial qui essaie de s'intégrer, alors que je fais depuis le début partie de ceux qu'on a passé par profits et pertes et qu'à aucun moment écrire ne saurait être pour moi un commentaire dans la marge. [... ]
C'est trouver cette réalité qui se reformule dans la bouche infatigable du devenir, et sans quoi l'être humain est conditionné comme un emballage.


   Deuxième fils d'un couple qui se sépare aussitôt, il est élevé par sa mère dépressive, qui se venge sur lui, à coups de latte et d'insultes, de son propre échec. Le père navigue au loin entre des affaires louches et la politique. …tudes dans des lycées catholiques, errances dans le Paris des années 50, découverte de la littérature. Après le bac, son père l'oblige à préparer Saint-Cyr. Il se soumet, réussit le concours, et subit trois années de crapahutage militaire à Coëtquidan, ne résistant que par sa volonté d'en sortir. En 1962, il arrive lieutenant en Algérie, la paix signée. Rentré en France, il démissionne de l'armée, rencontre Aragon, publie un premier livre remarqué (Le Printemps, Denoël, 1965), mais s'enfuit à pied jusqu'en Grèce, sa patrie spirituelle.
   Voilà pour les événements. La description de l'école militaire (voir http://www.st-cyr.terre.defense.gouv.fr/index_1024.html) et de l'abnégation religieuse qu'on y inculque vaut à elle seule le détour. Mais ce qui fait l'intérêt de ce récit est le regard sans concession, parce que sans ambition, porté sur les instances sociales que sont la famille et l'armée, par un contemplatif dont on a voulu faire un actif, et qui se bat de toutes ses forces... pour se retirer - y compris face à Aragon, et à la tentation intellectuelle qu'il représente.
Est-ce un reste de sa formation militaire, Grandmont a tout du moine marcheur, qui observe le monde de l'intérieur, sans jamais parvenir à y croire ni pourtant à s'en détacher. Attitude complexe, qui promet plus de questions que de réponses. C'est bien pourquoi, à l'heure d'un stakhanovisme libéral prônant de « travailler plus », ce récit d'apprentissage est à mettre entre les mains des jeunes générations.

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