Pamphlet contre la mort de Charles Pennequin par Samuel Lequette
Écrire dedans un beau cercueil tout plein de vide
Cinquième livre publié par Charles Pennequin aux éditions P.O.L, Pamphlet contre la mort commence par la contemplation façon petit bidon d'un cercueil « bien plein avec rien dedans ». Un cercueil dont tout le monde pense « qu'il ne sert à rien ». Un cercueil dont tout le monde pense « qu'il n'est rien ». Mais un cercueil qui « n'est pas rien puisqu'il est là ». Ainsi commence oui le livre de Charles Pennequin. Livre-cercueil où placer son mort. Où penser sa mort. Essayer son corps. S'allonger de tout son long. Faire vivant l'expérience de l'indigérable. Sans se retirer du monde. Sans mysticité. Sans fadaises. Non. Plutôt mourir de rire.
Pamphlet contre la mort est en réalité un pamphlet contre tout. Pour dire debout niet à tout : la télévision, les professeurs, les éditeurs, les « gros cons de l'art », les faiseurs de pognon, le beau style, les mots sans vie, les platitudes de la langue plate, « la langue d'injonction et de communication », « la langue de propagation et d'interdiction », le langage réformé, le vinaigre de l'époque, l'espèce humaine... Insoumission radicale d’un type devant la mort – la réalité du cercueil – et l'actualité vécue de tout ce qui l'entoure et le traverse dedans la langue en acte.
Humour, fermeté péremptoire et violence verbale pure animent celui qui parle. A la recherche d'une parole vraie. A force de multiplier les dérapages et les loupages. A force de jouer à fond de tous les registres. A force d’être tour à trou papa et privé de papa. Une parole en travers. Tout à trac et de traviole.
Contre l’anti-vie, contre le vide de la vie, Charles Pennequin trouve des mots qui manquent. Des petits mots inquantifiables. Afin de transbahuter la vie.