Cavalier cheval par Emmanuel Laugier
— depuis Caravage d’Alain Cavalier (2015)
: l’aplat de gris cendré dans la cambrure suivie de la ligne de son dos
: est chiné feutré flanelle
: un homme encapuchonné très droit
: des bottes lassées serrées brillent
: la blondeur entoure
: aux jambes prises dans l’image le fuseau en mouvement
: cadré à hauteur des hanches
: aux flancs du cheval jusqu’en dessous l’image prise entière
: une fille aux cheveux ras
: l’odeur imaginable non-filmée que
: la puissance retournée à fleur de la surface
: la douceur des gestes et de la tête lovée
: la puissance musculaire remontée jusqu’à l’œil nervé
: la crainte et le nerf tressés
: font et donnent dans la sueur
: le bloc de puissance du pelage gris-cendre marron-sienne
: bourrelé des cicatrices où gonfle le pelage de douceur
: l’âne regarde
: l’homme cagoulé presque pivot autour de quoi regarde
: un anonymat en surface règle ses gestes
: l’homme guide au son de sa langue
: une infinie pudeur dans la dictée
: la force déployée se déploie en puissance pure
: la sauvagerie exerce
: est inéducable indélogeable malgré
: la conduction le trot impair la trajectoire les accélérations
: la pharmacie du cheval
: enlève l’infection du sabot fendu
: rogne l’ongle en gestes précis
: la chevelure crépue d’écorces d’orange tourne contre le col équin
: sous l’œil de la jeune femme blonde l’anus à la tresse nouée
: rond de cuir brillant serré
: la figure taillée taiseuse la tasse de thé l’écriture
: le sourire équin de ses dents rentrées
: compacité humide densifiée du crottin tombé frais aux pieds de la fille
: le fuseau où elles se gainent
: le puissant fil de pisse
: le relevé patient de la blessure
: la convalescence aux bruits de bouche
: brillance matifiée rentre dans le doux pelage de cendres
: elle frotte [IL] le tour de l’œil grand qui se ferme et s’ouvre
: la bordure noire velours de l’œil
: le cuir protecteur l’amande noire de la vulve entourent
: l'anse du couteau de sueur dans les mains
: une corde rase de juste tension
: l’endroit d’où filmer est monade enfantine cavalière
: chevaux l’entourent et lèchent le crâne
: son étiré tibétain à même la surface du pelage suit l’ossature
: col de l’accent violent où il tourne
: s’immobilise et tourne la moitié de son corps en S
: en vitesse incalculable
: le son venu de la force musculaire répand sa surface vers l’enregistrement
: le son du fond du cheval
: segmente l’enregistrement du plat
: rentre dedans un pliage de sons pas entendus
: écrire avec les gestes du couteau de sueur cela
: l’image délogée du cheval
: la corne cuivre tibétaine du son descendu dans le squelette
(…)
: cehval
: de lettres inversées du cheveu laissé à l’existence