20 mai
2010
Cent poètes en cabane à Paris ! par Nicole Caligaris
On me dit que le Marché de la poésie veut mettre les poètes en cabane, cette année, excellente lacanie de notre Cacanie qui ressemble de plus en plus à l'autre. Exposer les poètes, en voilà une idée !
J'en vois qui se grattent le crâne en se demandant pour quoi faire ? et puis, à tout hasard, téléphonent à un copain qui possède une mandoline, certains se sont pourvus du string et de la barre verticale qui doivent agrémenter leur numéro, tout le monde a commandé le vin, on me dit que vous serez cent, ça commence à faire nombre.
Est-ce que ça va faire cent fois un gus dans sa guitoune, avec son saucisson, son papier et son tour de lecture ou est-ce que ça va faire du chahut, cent poètes logés pour un soir dans les cabanes de Saint-Sulpice ?
Vitrines, cette année, de "la grande vitrine de la littérature vivante", vous contenterez-vous d'une coquille dont l'animal est sec ? du rôle écrit pour vous sur les programmes ?
Vous le savez, lecteurs, ce que peut le poète : c'est habiter en homme l'espace entre les bornes que le pouvoir lui lâche. Ne vous repliez pas, déployez vous, habitez-les, ces cabanes, impertinents, mauvais, imprévisibles : flanquez là-dedans le bordel, invitez la périphérie au centre, invitez dans vos cases les campements de Paris, les hommes de permanence sous les barnums dressés devant les boîtes qui les emploient pendant que l'état ne leur accorde pas leurs papiers, faites les artistes, puisqu'on vous le demande, pourquoi pas, mais à votre façon : illégale et suspecte, comme dit Kantor, soyez dangereux, soyez des loups, dans cette bergerie proprette apprêtée pour la com, qu'est-ce qui vous en empêche ?
J'en vois qui se grattent le crâne en se demandant pour quoi faire ? et puis, à tout hasard, téléphonent à un copain qui possède une mandoline, certains se sont pourvus du string et de la barre verticale qui doivent agrémenter leur numéro, tout le monde a commandé le vin, on me dit que vous serez cent, ça commence à faire nombre.
Est-ce que ça va faire cent fois un gus dans sa guitoune, avec son saucisson, son papier et son tour de lecture ou est-ce que ça va faire du chahut, cent poètes logés pour un soir dans les cabanes de Saint-Sulpice ?
Vitrines, cette année, de "la grande vitrine de la littérature vivante", vous contenterez-vous d'une coquille dont l'animal est sec ? du rôle écrit pour vous sur les programmes ?
Vous le savez, lecteurs, ce que peut le poète : c'est habiter en homme l'espace entre les bornes que le pouvoir lui lâche. Ne vous repliez pas, déployez vous, habitez-les, ces cabanes, impertinents, mauvais, imprévisibles : flanquez là-dedans le bordel, invitez la périphérie au centre, invitez dans vos cases les campements de Paris, les hommes de permanence sous les barnums dressés devant les boîtes qui les emploient pendant que l'état ne leur accorde pas leurs papiers, faites les artistes, puisqu'on vous le demande, pourquoi pas, mais à votre façon : illégale et suspecte, comme dit Kantor, soyez dangereux, soyez des loups, dans cette bergerie proprette apprêtée pour la com, qu'est-ce qui vous en empêche ?