L’étoile du nom par Philippe Beck
Le nom propre brille comme un nom commun. Chaque application d’un nom à quelqu’un scintille comme une étoile attentive à tous. Le commun s’éclaire à chaque nom comme à une lampe recouverte de la poussière de l’histoire. Le nom propre est entouré d’une brume lumineuse qui à la fois endort et appelle la pensée. Sa puissance narcotique est impure, traversée d’événements ou d’actions, et toute pensée est pensée de quelque chose. Le génie de la lampe est l’intention animale. Parfois, la musique du nom est stellaire, élective et descendante, mais la force des sons qui désignent quelqu’un ne peut aucunement susciter l’œuvre (l’ensemble des efforts pour penser les actions) qui lui est assignée dans l’histoire. L’aura est faite de poussière, et la lampe laisse croire qu’elle contient un génie, un créateur d’événements. Or, les événements, les faits intenses (les interventions créatrices) viennent du dehors qui nomme. L’aura terrestre est la seule. Elle est la vie des poussières d’étoiles. Le génie est la lampe, et les êtres scintillants à terre deviennent des lampes.