07 mai
2010
Disputatio XXI par Lambert Castellani
Disputatio XXI est la compilation - dirigée par Samuel Lequette et publiée chez Hapax dans la collection langage critique - de textes qui témoignent de deux luttes : celle du devenir du langage critique et celle qui oppose à l'écrit l'oralité de la post-poésie (et pas seulement son oralité mais aussi les formes qui - sans sortir du texte - échappent à la page et au livre).
L'ouvrage recueille les points de vue (présentés ensuite) de huit auteurs soucieux d'élaborer un langage critique adéquat.
Fin de non recevoir (court billet glissé dans chaque exemplaire)
Où Nathalie Quintane rappelle que son excitation est ancrée dans un contexte précis, et aurait dû y rester. Où Nathalie Quintane s'exclut du débat.
La bande son de la poésie contemporaine
Où Samuel Lequette pose le problème du vocabulaire technique imprécis de la critique, se méfie du buzzword et cherche des conventions terminologiques et conceptuelles communes
Où Samuel Lequette ressent le besoin de rendre intelligible ce qui se joue aujourd'hui dans la poésie contemporaine.
Où Samuel Lequette fait preuve d'une louable intention.
L'antre de la critique
Où Philippe Boisnard ne se contente pas de l'auto-définition du texte comme poétique.
Où Philippe Boisnard propose de créer une phénoménologie typologique des intentionnalités littéraires permettant de saisir les raisons de la constitution de pratiques poétiques hétérogènes.
Disputatio
Où …ric Houser estime que c'est un problème qui intéresse surtout les écrivains et en général les personnes qui se posent des questions sur le genre littéraire
Où Eric Houser ne s'estime pas compétent pour entrer dans ce concert de klaxons puisqu'il n'a 'pas fait d'études pour ça.
Où l'on s'estime tout pareil.
Où l'on se dit que lorsqu'on n'a pas les clés et qu'on a faim, il faut exploser la fenêtre.
Moderne et post-moderne
Où Jean-Claude Pinson trouve la nécessité d'outils rénovés pour la critique.
Des ordres politico-poétiques en Franche-poésie
Où Samuel Lequette se demande quelle est la place de la poésie aujourd'hui face à l'opéra, face aux formes les plus raffinées du rap et de la chanson, face aux comiques dits « de variétés », face au théâtre.
Les humeurs de M. Roubaud (et autres vrais poètes)
Où Jean-Pierre Bobillot fait l'effort (en voilà un !) de donner sa définition de la poésie.
Où l'on se dit que c'est une bien belle définition.
La poésie est le nom - recouvrant des pratiques, des formes, des conceptions infiniment variables - que l'on donne, faute de mieux, à cet obscur objet du désir de poésie (du désir, et non du « besoin ») qui est un fait anthropologique : puisqu'il a à faire avec une faculté spécifiquement humaine, - le langage (... ) - et qu'il pousse tant d'êtres humains, partout sur la planète, depuis la nuit des temps, à se faire « voyants » ou « voyous » (... ). Comme tout objet de désir, ils sont condamnés à le manquer - et c'est là, sans doute, le moteur de cette infinie variabilité de pratiques, de formes et de conceptions, que ne parvient pas tout à fait à masquer (à dénier) l'appellation flottante de « poésie ».
Où Jean-Pierre Bobillot (en voilà un !) parle de l'humain et du désir et de l'infinie variabilité des pratiques.
Chaud et froid - neutre (apostilles à une seconde querelle)
Où Jean-Claude Pinson défend le Texte, la haute culture contre le cours démocratique des choses sans contester l'apport propre des expérimentations de la post-poésie.
Où Jean-Claude Pinson veut sauver la page et le livre.
Où Jean-Claude Pinson confond support et texte en tant que structure graphique porteuse de sens. Où Jean-Claude Pinson ne saisit pas que la poésie numérique (e-poésie) ne nuit pas au texte.
Où Jean-Claude Pinson ne parle pas de l'infinie variabilité des pratiques.
Frontières actuelles de la poésie - approche sociogénétique
Où Fabrice Thumerel cite des gens.
Où Fabrice Thumerel conclut : la polémique actuelle sur les frontières poétiques est caractéristique d'une période de mutation épistémologique (... ) la poésie [se perd] dans le monde profane ; son univers n'est plus seulement celui des essences et de la langue, mais aussi celui de l'espace communicationnel et des langages.
Où l'on se prend à relire Flaubert :
EPOQUE (la nôtre) : Tonner contre elle. Se plaindre de ce qu'elle n'est pas poétique. L'appeler époque de transition, de décadence.
Où Fabrice Thumerel cite Pierre Alféri : la poésie peut se passer d'accompagnement sonore, de musicalité métrique : ne lui est essentiel que l'enjambement.
Où l'on pense à ces maudites musiques actuelles...où les choses sont plus simples : pas question d'enjambement, mais de groove. Et le groove, on l'a ou bien on ne l'a pas.
Où l'on se dit que les poètes se plaignent beaucoup de l'emprise de la chanson qui a capté la rythmique rimée.
Où l'on a bien envie de leur dire Allez, on arrête de pleurnicher et on choppe son groove
à la chanson !
Où l'on pense à Sylvain Courtoux : La seule question valable est : ça marche ou ça marche pas ; ça résiste ou ça ne résiste pas. Et basta.
Où Et basta.
Après la poésie ? La poésie...
Où François Vaucluse fait des remontrances à Nathalie Quintane.
Où François Vaucluse rappelle que la siglaison, acte violent, transforme une description en chose.
On l'on peut s'amuser d'un rapprochement avec le texte de Eric Houser qui fait de noms propres des sigles.
Où, pour François Vaucluse, la post-poésie est pop, c'est-à-dire un simple sous-produit peu vendable mais revendiquant sa condition de déchet hallucinatoire de la création industrielle en crise.
Où François Vaucluse s'en prend à la société à trois pôles : le bizness, la communication et le spectacle.
Où l'on se répète.
EPOQUE (la nôtre) : Tonner contre elle. Se plaindre de ce qu'elle n'est pas poétique. L'appeler époque de transition, de décadence.
Où François Vaucluse cite Nathalie Quintane, présentant ainsi ses « Chaussures » : c'est un livre de poésie pas spécialement poétique, de celle (la poésie) qui ne se force pas.
Où l'on se dit Oui !, Ah là, oui ! Qui ne se force pas, ah non !
Qui ne fait pas d'effort pour être, qui est et qui est juste ! Voilà voilà ! «a marche ou ça marche pas ! Et basta.
Où François Vaucluse pourrait clore le débat proprement : Aucune forme d'art ne peut en périmer une autre. Où la bêtise serait de conclure (Flaubert encore), où le débat n'est pas conclu.
Où Et basta.
Exception ou amorce tendancielle ? - du droit de critique
Où Jean-Marc Baillieu tonne contre l'époque à l'atmosphère délétère induite par un trait sociétal majeur de notre actualité : faire prendre des vessies pour des lanternes, notamment par des outils de propagande (rebaptisée : communication).
Où l'on se dit qu'il y a à gagner à la lecture de Disputatio.
Où l'on se dit que la compilation papier de textes accessibles en ligne présentée sous cette forme a un intérêt : celui d'offrir un travelling rapide des différentes positions d'un débat d'importance à ceux que ça intéresse.
Où l'on se demande si nombreux sont ceux que ça intéresse.
Où l'on se secoue en se disant que leur nombre importe peu et que la trace compte.
Où l'on se dit que, dans Disputatio, toutes les positions d'un débat d'importance ne sont pas offertes à ceux que ça intéresse.
Où l'on se dit que Disputatio reste fragmentaire. Où l'on sent qu'il manque de gros morceaux.
Où, inquiet, l'on se demande où.
L'ouvrage recueille les points de vue (présentés ensuite) de huit auteurs soucieux d'élaborer un langage critique adéquat.
Fin de non recevoir (court billet glissé dans chaque exemplaire)
Où Nathalie Quintane rappelle que son excitation est ancrée dans un contexte précis, et aurait dû y rester. Où Nathalie Quintane s'exclut du débat.
La bande son de la poésie contemporaine
Où Samuel Lequette pose le problème du vocabulaire technique imprécis de la critique, se méfie du buzzword et cherche des conventions terminologiques et conceptuelles communes
Où Samuel Lequette ressent le besoin de rendre intelligible ce qui se joue aujourd'hui dans la poésie contemporaine.
Où Samuel Lequette fait preuve d'une louable intention.
L'antre de la critique
Où Philippe Boisnard ne se contente pas de l'auto-définition du texte comme poétique.
Où Philippe Boisnard propose de créer une phénoménologie typologique des intentionnalités littéraires permettant de saisir les raisons de la constitution de pratiques poétiques hétérogènes.
Disputatio
Où …ric Houser estime que c'est un problème qui intéresse surtout les écrivains et en général les personnes qui se posent des questions sur le genre littéraire
Où Eric Houser ne s'estime pas compétent pour entrer dans ce concert de klaxons puisqu'il n'a 'pas fait d'études pour ça.
Où l'on s'estime tout pareil.
Où l'on se dit que lorsqu'on n'a pas les clés et qu'on a faim, il faut exploser la fenêtre.
Moderne et post-moderne
Où Jean-Claude Pinson trouve la nécessité d'outils rénovés pour la critique.
Des ordres politico-poétiques en Franche-poésie
Où Samuel Lequette se demande quelle est la place de la poésie aujourd'hui face à l'opéra, face aux formes les plus raffinées du rap et de la chanson, face aux comiques dits « de variétés », face au théâtre.
Les humeurs de M. Roubaud (et autres vrais poètes)
Où Jean-Pierre Bobillot fait l'effort (en voilà un !) de donner sa définition de la poésie.
Où l'on se dit que c'est une bien belle définition.
La poésie est le nom - recouvrant des pratiques, des formes, des conceptions infiniment variables - que l'on donne, faute de mieux, à cet obscur objet du désir de poésie (du désir, et non du « besoin ») qui est un fait anthropologique : puisqu'il a à faire avec une faculté spécifiquement humaine, - le langage (... ) - et qu'il pousse tant d'êtres humains, partout sur la planète, depuis la nuit des temps, à se faire « voyants » ou « voyous » (... ). Comme tout objet de désir, ils sont condamnés à le manquer - et c'est là, sans doute, le moteur de cette infinie variabilité de pratiques, de formes et de conceptions, que ne parvient pas tout à fait à masquer (à dénier) l'appellation flottante de « poésie ».
Où Jean-Pierre Bobillot (en voilà un !) parle de l'humain et du désir et de l'infinie variabilité des pratiques.
Chaud et froid - neutre (apostilles à une seconde querelle)
Où Jean-Claude Pinson défend le Texte, la haute culture contre le cours démocratique des choses sans contester l'apport propre des expérimentations de la post-poésie.
Où Jean-Claude Pinson veut sauver la page et le livre.
Où Jean-Claude Pinson confond support et texte en tant que structure graphique porteuse de sens. Où Jean-Claude Pinson ne saisit pas que la poésie numérique (e-poésie) ne nuit pas au texte.
Où Jean-Claude Pinson ne parle pas de l'infinie variabilité des pratiques.
Frontières actuelles de la poésie - approche sociogénétique
Où Fabrice Thumerel cite des gens.
Où Fabrice Thumerel conclut : la polémique actuelle sur les frontières poétiques est caractéristique d'une période de mutation épistémologique (... ) la poésie [se perd] dans le monde profane ; son univers n'est plus seulement celui des essences et de la langue, mais aussi celui de l'espace communicationnel et des langages.
Où l'on se prend à relire Flaubert :
EPOQUE (la nôtre) : Tonner contre elle. Se plaindre de ce qu'elle n'est pas poétique. L'appeler époque de transition, de décadence.
Où Fabrice Thumerel cite Pierre Alféri : la poésie peut se passer d'accompagnement sonore, de musicalité métrique : ne lui est essentiel que l'enjambement.
Où l'on pense à ces maudites musiques actuelles...où les choses sont plus simples : pas question d'enjambement, mais de groove. Et le groove, on l'a ou bien on ne l'a pas.
Où l'on se dit que les poètes se plaignent beaucoup de l'emprise de la chanson qui a capté la rythmique rimée.
Où l'on a bien envie de leur dire Allez, on arrête de pleurnicher et on choppe son groove
à la chanson !
Où l'on pense à Sylvain Courtoux : La seule question valable est : ça marche ou ça marche pas ; ça résiste ou ça ne résiste pas. Et basta.
Où Et basta.
Après la poésie ? La poésie...
Où François Vaucluse fait des remontrances à Nathalie Quintane.
Où François Vaucluse rappelle que la siglaison, acte violent, transforme une description en chose.
On l'on peut s'amuser d'un rapprochement avec le texte de Eric Houser qui fait de noms propres des sigles.
Où, pour François Vaucluse, la post-poésie est pop, c'est-à-dire un simple sous-produit peu vendable mais revendiquant sa condition de déchet hallucinatoire de la création industrielle en crise.
Où François Vaucluse s'en prend à la société à trois pôles : le bizness, la communication et le spectacle.
Où l'on se répète.
EPOQUE (la nôtre) : Tonner contre elle. Se plaindre de ce qu'elle n'est pas poétique. L'appeler époque de transition, de décadence.
Où François Vaucluse cite Nathalie Quintane, présentant ainsi ses « Chaussures » : c'est un livre de poésie pas spécialement poétique, de celle (la poésie) qui ne se force pas.
Où l'on se dit Oui !, Ah là, oui ! Qui ne se force pas, ah non !
Qui ne fait pas d'effort pour être, qui est et qui est juste ! Voilà voilà ! «a marche ou ça marche pas ! Et basta.
Où François Vaucluse pourrait clore le débat proprement : Aucune forme d'art ne peut en périmer une autre. Où la bêtise serait de conclure (Flaubert encore), où le débat n'est pas conclu.
Où Et basta.
Exception ou amorce tendancielle ? - du droit de critique
Où Jean-Marc Baillieu tonne contre l'époque à l'atmosphère délétère induite par un trait sociétal majeur de notre actualité : faire prendre des vessies pour des lanternes, notamment par des outils de propagande (rebaptisée : communication).
Où l'on se dit qu'il y a à gagner à la lecture de Disputatio.
Où l'on se dit que la compilation papier de textes accessibles en ligne présentée sous cette forme a un intérêt : celui d'offrir un travelling rapide des différentes positions d'un débat d'importance à ceux que ça intéresse.
Où l'on se demande si nombreux sont ceux que ça intéresse.
Où l'on se secoue en se disant que leur nombre importe peu et que la trace compte.
Où l'on se dit que, dans Disputatio, toutes les positions d'un débat d'importance ne sont pas offertes à ceux que ça intéresse.
Où l'on se dit que Disputatio reste fragmentaire. Où l'on sent qu'il manque de gros morceaux.
Où, inquiet, l'on se demande où.