05 janv.
2008
Mon képi blanc de Sonia Chiambretto par Nathalie Quintane
Difficile de faire mieux, dans le domaine de la Légion (étrangère), que le Selva!de Frédéric Léal paru chez P.O.L. en 2002. Léal avait su inventer une forme, sa forme, pour traiter in vivo le terrain, inexploré à l'époque, et tout aussi poétique que La Liberté, L'Amour, ou L'Autre, à condition que l'on veuille et qu'on soit équipé pour.
La manière dont travaille Sonia Chiambretto, la langue qui s'y forge, permet une dimension soustractive que n'avait pas la somme selvienne.
Ce livre est étique; cette pauvreté, ce lexique chétif, ce schématisme, ces flèches substituées aux mots, ces chansons réduites à un refrain et à un couplet : tout dit la langue légionnaire, et quand Joseph, notre héros, s'emballe sur deux pages en capitales, ce n'est que pour répéter ad vitam aeternam je dis AFFIRMATIF je dis AFFIRMATIF AFFIRMATIF dis AFFIRMATIF je dis AFFIRMATIF (passage par ailleurs magnifiquement joué par Manuel Vallade dans la mise en scène de Hubert Colas cet automne).
On aura vu rarement aussi sèchement copiée une langue/une vie préfabriquée par les chefs, prémisses ou traces de quelque chose qui ne parvient pas à se déployer, qui reste contraint, plié, cassé, sans rythme et sans souffle autres que les militaires. Cette langue, cette vie, ne sont pas celles de Joseph, et pourtant ce sont les seules, et pourtant elles lui sont aussi propres qu'à nous les nôtres.
Sans doute est-ce le texte le plus drôle de la trilogie (constituée de CHTO et des Soeurs Slovaques, ici recensés), mais cette drôlerie est le produit d'un effacement : effacement de Joseph, effacement de l'auteur, dans un ON :
C'est qu'ON est beau. ON est bien habillé. ON est fier.
Mon Képi Blanc est au fond un texte aussi cru avec les poètes ou les lecteurs qu'avec les légionnaires : c'est que dans la poésie ON aime
FAIRE TABLE RASE DU PASS…
(cacher sous (s)a chemise (s)on tatouage et trois cicatrices).
Le livre de Chiambretto est comme le képi de Joseph : il sent bon la tête.
La manière dont travaille Sonia Chiambretto, la langue qui s'y forge, permet une dimension soustractive que n'avait pas la somme selvienne.
Ce livre est étique; cette pauvreté, ce lexique chétif, ce schématisme, ces flèches substituées aux mots, ces chansons réduites à un refrain et à un couplet : tout dit la langue légionnaire, et quand Joseph, notre héros, s'emballe sur deux pages en capitales, ce n'est que pour répéter ad vitam aeternam je dis AFFIRMATIF je dis AFFIRMATIF AFFIRMATIF dis AFFIRMATIF je dis AFFIRMATIF (passage par ailleurs magnifiquement joué par Manuel Vallade dans la mise en scène de Hubert Colas cet automne).
On aura vu rarement aussi sèchement copiée une langue/une vie préfabriquée par les chefs, prémisses ou traces de quelque chose qui ne parvient pas à se déployer, qui reste contraint, plié, cassé, sans rythme et sans souffle autres que les militaires. Cette langue, cette vie, ne sont pas celles de Joseph, et pourtant ce sont les seules, et pourtant elles lui sont aussi propres qu'à nous les nôtres.
Sans doute est-ce le texte le plus drôle de la trilogie (constituée de CHTO et des Soeurs Slovaques, ici recensés), mais cette drôlerie est le produit d'un effacement : effacement de Joseph, effacement de l'auteur, dans un ON :
C'est qu'ON est beau. ON est bien habillé. ON est fier.
Mon Képi Blanc est au fond un texte aussi cru avec les poètes ou les lecteurs qu'avec les légionnaires : c'est que dans la poésie ON aime
FAIRE TABLE RASE DU PASS…
(cacher sous (s)a chemise (s)on tatouage et trois cicatrices).
Le livre de Chiambretto est comme le képi de Joseph : il sent bon la tête.