dix lignes par Jean-Marc Baillieu
Pierre me demande dix lignes que je suis incapable de lui donner car mes textes récents sont plus longs et seraient dénaturés si tronçonnés. Je viens de voyager neuf heures durant en train, parti du chevet d'un septuagénaire alité et sans appétit, arrivé au bord du Starnberger See où, d'avril à mai je suis, cette année, invité à séjourner en face du lieu où se noya « Kini ». J'y ai déjà, à partir des sonnets à Laure de Pétrarque, écrit vingt-six poèmes qui seront exposés de la mi-juin à la fin juillet dans l'escalier de la galerie Martagon à Malaucène (Vaucluse) où seront présentées des œuvres de mon hôte Jean-Baptiste Audat. Je ne pourrai ce soir ouvrir l'un des carnets où je note des formules, l'un des lexiques où je pioche la matière de mes poèmes, car en ce soir du 7 mai 2001, la mort rôde trop dort.