StennoS Schneider-Lambersy par Joseph Mouton
Vous êtes auteur et votre livre n'a retenu l'attention d'aucun collaborateur du site, il est peut-être victime d'une discrimination quelconque ou d'un manque de goût manifeste, vous êtes éditeur et vous pensez la même chose, vous êtes agent littéraire et vous ne fréquentez pas les sites à faible audience, pourtant JOSEPH MOUTON VA SAUVER VOTRE LIVRE des sinistres oubliettes de Sitaudis en lui dédiant au moins un StennoS — c'est-à-dire un poème-citation à vers contraints —, qui ne sera pas un mieux que rien mais le témoignage attentif d'un poète pour les rebuts, les rejets d'un milieu ; — afin que de chacun l’on puisse goûter plutôt la texture.
La Peinture et son ombre, Jean-Claude Schneider, éd. L’Atelier contemporain, 200 pages.
ESSENTIEL BOUCHÉ
mortes chambres où filtre le demi-jour
arbres qui abritent de leur ombre tutélai-
re un mas des murs lampe qui n’éclaire
que sa présence pure bateau échoué à
marée basse dans le petit port fantôme
ou animal couché sur son flanc gravide
qu’une même tonalité unit au ciel gris à
la mer grise à la vase nus de femmes à la
toilette le visage omis oublié le corps com-
me pris dans la même matière que la chai-
se que le sol ou la cloison ce sont les an-
crages d’une seule et même peinture ap-
pelée à parler à révéler l’accord des cho-
ses avec l’espace qui les contient mais
GUENILLES CHAMARRURES
refait son ciment quelques modèles à l’en-
vi ressassés suffisent à désespérer une
écriture qui n’ourdit que son doute inten-
se tacite mais qui accroche par lambeaux
le tragique d’être répéter les hiéroglyphes
visibles sur les mêmes faces béantes com-
me des questions très long cheminement
planté comme une écharde dans le regard
étonné du primitif sa patience infinie scan-
dée de harassements de dilacérations
d’échecs lumineux quelques transparents
visiteurs en ont arpenté les versants jour
à jour ont su dire cette frontière du
dicible ce qui demeure c’est par-delà
Dernières nouvelles d’Ulysse, Werner Lambersy, collection « Poésie & peinture » – format 14,5 x 21 cm – 112 pages – broché cousu, couverture à rabats… avec une préface d’Hubert Haddad, des illustrations d’Anne-Marie Vesco, éd. Rougier V.
PRÉFACE ÉLOGE
Il y a du Hugo au meilleur de sa forme et
du Maeterlinck dans sa veine expressive chez
Lambersy. Quel poète est ce monstre, ce gé-
nie boulimique dévorant rochers, flambeaux
et civilisations ? On ne prend jamais la
mesure d’un titan, astre ou bien phénomène
des jeunes pluies. Il nous observe par la grande
lune de son microscope tout en chantant
la douce et terrible histoire de l’éterni-
té. Lambersy aime à s’effacer dans sa toute-
présence ; pourquoi être rare quand on vise
à l’exceptionnelle abondance du poème
total, celui qui brasse les mondes et les
idées autant que les subtils déplacements
HUGO MAETERLINCK
Dehors le vent de la mer Renversait les chai-
ses De la terrasse Et faisait s’envoler les pa-
rasols sur la plage Louange Eucharistie du
poème Où rien ne peut manquer Et si sou-
vent L’absence de l’homme Dans l’homme !
Shoah comme l’échouage Par millions Sur
les plages La chair devenue Comme dans
les fosses Nazies Cambodgiennes Ou serbes
Pantins tragiques Morts anonymes Livrés aux
bulldozers Car l’eau du jour est Pourrie Signa-
ture Sur le mur Ou entre deux pages Du mous-
tique écrasé J’écris un poème lentille Par len-
tille Lentillement je t’aime Et c’est ainsi que
cela Doit sortir du sein Qui chante Pour