25 sept.
2008
Cahiers de l'IIREFL numéro 1 par Michaël Moretti
artistes abracadabrantesques
Ouf sur Oufs ! Oyez oyez ! Printemps janus. Fin de la revue lorraine Carbone au très beau graphisme. En tant que Mort-qui-trompe, venu du collectif lorrain Hermaphrodite, ils se sont recentrés uniquement sur l'édition. Résultat : aux oubliettes le numéro attendu sur les fous littéraires co-dirigé pour l'occasion par Marc Ways. Libraire au village du livre lorrain Fontenoy-la-Joûte, Marc Ways crée l'Institut International de Recherches et d'Exploration sur les Fous Littéraires (IIREFL). Membres scientifiques ? Décimo, Arrivé, Thévoz, Tremblay, etc. Excusez du peu ! Marc Décimo, spécialiste de Brisset & Duchamp, dirige le bimestriel Les Cahiers de l'Institut qui en émane.
Numéro 1 mai 2008 : 146 pages de belles factures avec un cahier central jaune. Il s'agit « d'explorer et d'expliciter les rapports de la littérature, des arts et de la folie à la création » dixit quatrième de couv'. Les articles, nourris d'une riche iconographie (« l'agence » Stas, couverture y compris ; Mu, etc.), sont d'une scientificité rigoureuse. Parfois un tantinet bibliophilique. Mais comment ne pas se régaler d'extraits de Brisset (bilingues !!) et ses héritiers, d'une monographie sur un inconnu au bataillon, Ripotois (1904-1954) ? L'Institut ne chôme pas : « folie et littérature » par l'américain Thiher, « mathématiciens en folie » par Criton (pas celui de Platon !! Omet de citer en biblio "Les Démons de Gödel" au Seuil du philosophe et logicien Pierre Cassou - Noguès passé à la « Malle des indes » à France Culture en 2007), « la « contrainte » et les fous littéraires » par l'italien Albani, « la morosophie » par le belge Van Boxsel, « Nodier : doxographe d'une hétérodoxie » par le canadien Tremblay, « kill » Bill Tripp, etc. Côté plastique, car revue interdisciplinaire : un article de 1901 richement illustré, « l'art chez les fous » par l'aliéniste non aliénant Meunier alias Réja (1873-1957), un compte-rendu de l'expo à Evian de GAM, le symboliste Gustav Adolf Mossa.
Les pages jaunes centrales comprennent un courrier d'Hannibal lecteurs, dont deux lettres délirantes de Louis Guilloux, des comptes-rendus d'ouvrages, des billets d'humeur drolatiques dudit Stas, héritier de Blavier, d'irrésistibles fiches analytiques de livres d'Institut qui combleront les poètes bibliothécaires.
De quoi se mettre sous la dent, et du lourd ! Une revue nécessaire. Le premier numéro promet. Outre la difficile définition du « fou littéraire », il serait intéressant d'actualiser le propos (Le « Grand cadavre ... » d'Ivar Ch'Vavar ? « Les slogans » de Soudaïeva - alias Volodine ? - ? William T. Vollmann ? R. Jirgl ?) Et si la poésie contemporaine s'inspirait enfin des fous littéraires ? Que le cadavre bouge encore puisque les ongles poussent.