08 avril
2012
Fusées n°21 par Bruno Fern
Entre autres contributions, on retiendra au moins ici les pages consacrées à Claude
Minière, proses et poèmes suivis d’un long entretien avec le plasticien Daniel Dezeuze (dont 4
minutieux dessins à la mine de plomb sont également présentés), entretien dans lequel certains
propos peuvent donner matière à penser – ainsi, cette phrase qui constituerait un programme
d’écriture à elle toute seule : « Une ligne porte ensemble les fictions et leur théorie. »
Par ailleurs, à la suite de son portrait photographique en héros radieux et casqué (« cycliste à Saint-Brieuc-des-Choux pour le critérium Alfred Jarry en juin 2007 »), Philippe Boutibonnes livre une analyse, savante et sensible comme à son habitude, d’un tableau de Paris Bordone (1500-1571), L’Annonciation* Après avoir examiné cette toile dans ses moindres détails (en se référant aussi bien aux textes religieux qu’à Spinoza et Blanchot), il étend son commentaire à la scène dite primitive : « D’autres corps y sont à l’œuvre, suants et convulsés, desquels nous seront expulsés à tout jamais. A ce huis-clos dont nous sommes proscrits, nous opposons notre résignation inquiète et muette. Notre névrose. ».
Figurent ensuite 11 dessins du même auteur, composés de petits éléments tracés au crayon de couleur qui, pour certains, fruits du hasard ou des entrailles, sont justement susceptibles d’évoquer la fécondation (un ovule entouré de spermatozoïdes, page 63) ou des structures chromosomiques (en particulier à la page 72).
Enfin, en tenant les fils de ce qui précède, voici quelques lignes tirées d’un texte où fictions et théorie sont effectivement tressées à profusion, Ghérasim face à Ghérasim, extrait de Gadjo-Migrandt de Patrick Beurard-Valdoye :
car le nom vous enracine par le nombril à l’ombre de la mère
à moins de couper le cordon patronymique – sidérature – vous voulez vous octroyer nombre
et pénombre
l’ombilic celui prononcé de votre bien-aimée jamais née
prendre pseudonyme et langue jusqu’au propre qui ne soit plus l’objet de mesures contre votre nom
*Visible au musée des Beaux-Arts de Caen.
Par ailleurs, à la suite de son portrait photographique en héros radieux et casqué (« cycliste à Saint-Brieuc-des-Choux pour le critérium Alfred Jarry en juin 2007 »), Philippe Boutibonnes livre une analyse, savante et sensible comme à son habitude, d’un tableau de Paris Bordone (1500-1571), L’Annonciation* Après avoir examiné cette toile dans ses moindres détails (en se référant aussi bien aux textes religieux qu’à Spinoza et Blanchot), il étend son commentaire à la scène dite primitive : « D’autres corps y sont à l’œuvre, suants et convulsés, desquels nous seront expulsés à tout jamais. A ce huis-clos dont nous sommes proscrits, nous opposons notre résignation inquiète et muette. Notre névrose. ».
Figurent ensuite 11 dessins du même auteur, composés de petits éléments tracés au crayon de couleur qui, pour certains, fruits du hasard ou des entrailles, sont justement susceptibles d’évoquer la fécondation (un ovule entouré de spermatozoïdes, page 63) ou des structures chromosomiques (en particulier à la page 72).
Enfin, en tenant les fils de ce qui précède, voici quelques lignes tirées d’un texte où fictions et théorie sont effectivement tressées à profusion, Ghérasim face à Ghérasim, extrait de Gadjo-Migrandt de Patrick Beurard-Valdoye :
car le nom vous enracine par le nombril à l’ombre de la mère
à moins de couper le cordon patronymique – sidérature – vous voulez vous octroyer nombre
et pénombre
l’ombilic celui prononcé de votre bien-aimée jamais née
prendre pseudonyme et langue jusqu’au propre qui ne soit plus l’objet de mesures contre votre nom
*Visible au musée des Beaux-Arts de Caen.