Le cheval de feu de Vladimir Maïakovski par Matthieu Gosztola

Les Parutions

17 févr.
2020

Le cheval de feu de Vladimir Maïakovski par Matthieu Gosztola

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Le cheval de feu de Vladimir Maïakovski par Matthieu Gosztola


« Le pinceau du peintre / vole en tous sens / et le cheval a bientôt des yeux. » Le Cheval de feu est le septième des neuf livres pour les enfants écrits par Maïakovski entre 1925 et 1929. Le poète russe confia, lors d’un entretien au journal Prager Presse donné à l’occasion d’un séjour à Prague (en avril 1927), son « vif intérêt pour [un] sujet » en particulier : « Ma plus récente passion est la littérature pour la jeunesse. Il est nécessaire de familiariser les enfants avec des notions nouvelles, avec une nouvelle approche des choses. » Maïakovski « en appelait depuis toujours – commente Jean-Baptiste Para – à une transformation des institutions et des consciences. À ses yeux une révolution n’était rien si elle n’avait pas d’incidence sur les formes de vie, si elle n’arrachait pas l’existence à la routine, à la médiocrité, aux conformismes, à l’esclavage par rapport aux choses. C’est dans cet esprit qu’il écrivit des poèmes pour les enfants. » 

Et si, le 14 avril 1930, le poète détruisit son cœur d’une balle (quelques mois après la parution de Qui serai-je ?), c’est consécutivement à la rédaction d’un message plein de vie murmurante, comme un coquillage sait être gorgé d’un murmure qui ne demande qu’à être perçu, qu’à être goûté, un murmure qui est notre murmure*. « La barque de l’amour s’est fracassée contre la vie quotidienne, souffle Maïakovski. Comme on dit, l’incident est clos. Avec vous, nous sommes quittes. N’accusez personne de ma mort. Le défunt a horreur des cancans. Au diable les douleurs, les angoisses et les torts réciproques !... Soyez heureux ! »

Soyons heureux ; message que ne put mettre immédiatement en pratique Ossip Mandelstam: « C’est à Soukhoumi, en avril, que je reçus la nouvelle océanique de la mort de Maïakovski. Comme submergé par une montagne d’eau qui me cinglait l’échine jusqu’au sang, j’en eus le souffle coupé et en gardai un goût de sel dans la bouche. »

* « [L]e bruit que l’on entend à l’intérieur d’un coquillage n’est pas le doux murmure des vagues, mais le bruit de la circulation sanguine. En effet, le coquillage agit comme une caisse de résonance en amplifiant le bruit du sang qui circule dans les vaisseaux de l’oreille. » (allodocteurs.fr)

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