Roxana Hashemi, L’anniversaire de toutes les choses par Éric Houser

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18 nov.
2024

Roxana Hashemi, L’anniversaire de toutes les choses par Éric Houser

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Roxana Hashemi, L’anniversaire de toutes les choses

 

Le livre de Roxana Hashemi me fait l’effet d’une bouffée d’air frais. Il est composé de quatre sections comportant chacune un titre extrait de l’un des poèmes, et une série de poèmes (entre douze et vingt) qui commencent par une lettre capitale et ne se terminent pas par un point. Ne se terminent pas. Chaque poème n’est pas une phrase, mais il ressemble un peu à une phrase. Les vers ou lignes de chaque poème sont en général plutôt courts.

 

On dirait que les poèmes sont écrits par quelqu’un qui pose un regard non pas détaché, mais calme et égal sur les choses. Pourtant il peut y avoir aussi une violence dans ce calme et cette égalité (équanimité), une passion. On dirait qu’il y a plusieurs couches dans l’écriture. Chaque fois quelque chose bouge, se déplace ou décale, même seulement de façon infinitésimale, il y a des changements d’échelle et on passe l’air de rien du tout petit au très grand et inversement. L’humour participe à ces changements, sans ironie mais avec grâce. Et dans cette langue qui est très tenue (non fracassante) et avec une oralité discrète il y a comme un jeu avec l’accent, qui me touche car il me fait entendre cette langue (le français), ma langue maternelle, comme un peu étrange/étrangère, quasiment bizarre. C’est ça le travail de la poésie, je crois. Un des outils (de ce travail) est la répétition, dont Deleuze écrivait qu’elle est "la puissance du langage" (Différence et répétition, page 373). Elle est omniprésente dans L’anniversaire de toutes les choses, et emprunte plusieurs modalités. Elle contribue au désir que l'on (que j’)éprouve de relire, au minimum une fois.

 

Je laisse en blanc dans cet article les idées de thèmes et de tonalités (mais j’ai évoqué l’humour, qui est aussi une puissance), parce qu’il ne faut pas cocher toutes les cases d’une lecture. Je veux citer seulement le dernier poème (à lire en rapport avec la citation de Virginia Woolf placée en exergue du livre). N’est-ce pas qu'il fait ressentir quelque chose de l’inquiétante étrangeté pour notre temps ?

 

Les plaques tectoniques n’ont

pas bougé depuis

 

nous apprenons qu’il y a eu

un problème

 

un dysfonctionnement

inquiétant

 

nous apprenons que

la terre ne bouge plus

sous nos pieds

 

nous sommes

sur terre ferme

 

 

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