Nouveaux progrès de l'édition et de la pub intégrée par Christian Bernard
La couverture de la récente édition des Rimes de Dante, dans la traduction inédite de la grande Jacqueline Risset, vaut son pesant de vulgarité publicitaire. Au lieu de la chrono-hiérarchie d’usage depuis quelques siècles— nom de l’auteur, titre de l’œuvre, nom du traducteur, nom de l’éditeur — qui figure d’ailleurs sur la page de titre, vous lirez : « Une traduction de Jacqueline Risset / Rimes / Dante / Un chef d’œuvre / méconnu de Dante / par la traductrice de La Divine Comédie / Flammarion ». Sur la quatrième de couverture, rebelote : « Publié ici pour la première fois dans une édition bilingue, ce recueil de Dante a été traduit par Jacqueline Risset, poète, écrivain et essayiste, auteur d’une traduction de référence de La Divine Comédie. » Par où l’on voit que l’éditeur se croit obligé de valider son ouvrage par la valorisation insistante de la traductrice, par le rappel du titre-phare de l’auteur et par la qualification de chef d’œuvre (hélas et encore) méconnu. Autrement dit, le « studio Flammarion » dont cette couverture est la « création » (je cite), ne craint pas de traiter la couverture d’un livre en prospectus publicitaire ni de donner au lecteur l’impression qu’il est pris pour un ignorant crétin.