La vie bon train d'Etienne Faure par Matthieu Gosztola
Absence d’appogiatures dans
la musique de la langue (absence comme jamais presque on [en] entendît)
Musique évidente, qui déroule
sa frénésie calme sous la peau
de celui qui lit. On se gratte mais
la musique ne part pas. Il faudrait
fermer le livre pour ça. Martèlement
des syllabes & sans effort & la langue
avance & elle dit quelque chose des
gares et de tout ce qui s’y rattache &
absolument tout oui vous avez bien lu
& le cahotement des trains dans leur
mouvement se fait sentir par la dé
coupe des phrases & l’absence de
fioritures nous donne à goûter les
tôles qui nous surplombent & l’
odeur de tabac & le goût du
café dans les tasses laissées
ensuite à l’attention du serveur &
les regards qui s’attardent sur les
visages des passants pour recon
naître de tous les visages celui
qui va changer sa vie on espère
mais en bien & bien droit on at
tend de tous les visages celui
qui vient pour nous accoler
dans notre fuite – visage
qu’on espère et qu’on
attend & Etienne Faure
restitue ce tremblement
de vie dans le poème de
venu prose & prose qui
emprunte au journal &
à l’écriture de notes sur
carnet à spirale leur vie
claire & il est temps de
prendre le livre & de le
rouvrir & à n’importe
quelle page de goûter
à quel point toute vraie
lecture est un Voyage vvvv
vvvvvirant notre conscience
de soi du terrier du prévisible (« lapin nain à l’œuvre »)
pour la propulser dans le vide