Voyages à Saint-Maur de Jean-Louis Giovannoni par Matthieu Gosztola
Saisir les choses par leur centre
Voyages à Saint-Maur tourne autour du 23, avenue Jean-Jaurès, à Saint-Maur-des-Fossés où vivait la mère de l’auteur, « dans un studio (fin des années 50, début des années 60) avec son chat Pompon et deux poissons rouges ».
Giovannoni se sert du souvenir pour
Atteindre
La fulgurance
Plurielle
Non pas revivre l’intensité d’instants
Chus
Du panier incompréhensible dans sa forme
Et dans son contenu du
Présent mais
Exhausser par l’
Écriture
Des instants rendus à leur vie
Première
Par la mémoire
: « Dans de grands aquariums parmi les remous d’une eau transparente, au sol, plantées dans le sable, des cathédrales englouties, des scaphandriers et des coffres emplis de trésors d’où s’échappent de fines bulles aussitôt attirées par la surface. »
Les mots, dans leur agencement, fondent
Une musique
Par quoi
Revient
Je reviens, tu reviens, il / elle / on revient, nous revenons, vous revenez, ils / elles reviennent
L’odeur
Des choses vécues
: « Son parfum est devenu mon odeur. Dès la première goulée, elle s’est glissée comme un vêtement sur mesure. Et chaque endroit ordonne. Met ses corps au diapason. »
L’odeur du monde
Son grand corps
Qui nous contient
Et que parfois on
Effleure
: « L’air est un tissu épais où s’échangent les respirations. Les visibles, les discrètes. Mes poumons reconnaissent à la première goulée l’air de Saint-Maur, de ce quartier. Avec son arrière-fond de jardins mouillés, de terre entourée d’eau. De murs humides. D’arbres saisis par leur centre. Condensation qu’exhale le moindre rayon de soleil. / Dans ma poche, un bonbon à la menthe. »
Et puis
Il y a les
Bruits
Tous ces bruits
Qui nous res
Suscitent
Nous sortent
De nos humeurs
: « Un peu plus loin, les oiseaux […]. Leurs chants accompagnent chacun de mes pas. Au loin, la colère du chien devient houle, simple écume venant mourir sur la proue de ma casquette baissée, frayant vers d’autres aventures. »