Tantris, Guillaume Artous-Bouvet par Claude Minière
Guillaume Artous-Bouvet est sensible aux aventures de l’identité. Il a fait une merveilleuse découverte érudite, celle de La Folie Tristan. « Découverte » est le mot car il sera beaucoup joué sur la nudité et le vêtement dans Tantris, qui sonne parfois comme avant-coureur de textes joyciens,…en sorte de « Tristan’s wake ».
Avant-propos : « Tristan, chassé de la cour, s’est exilé en Bretagne, tandis qu’Iseut vit en Cornouailles avec le roi Marc. Tristan, pour la rejoindre, se rend à la cour sous le vêtement d’un fou. Interrogé par le roi, il lui répond dans une langue folle qui crypte cependant, à l’intention d’Iseut, l’intensité secrète d’un amour »
Il faut un langage fou pour dire son amour illégitime, un déguisement pour dire la vérité à sa guise. Il faut des renversements de situation dans le récit, des inversions, des inversements dans la langue, des négations pénétrantes pour dire le oui dans le ouï Des « invoilé », « induré », « inféré »…pour faire entendre je suis à toi.
« Au grammage d’un ciel
(n’œil chrome buvant brume),
suis-je d’ore,
invoilé : tien Tristan ».
Ce qui donne une langue (magnifique) que l’on comprend secrètement, charnellement, d’un sauvage raffinement.