Bal des hésitations, de Zahra Mroueh par Christophe Stolowicki

Les Parutions

20 sept.
2024

Bal des hésitations, de Zahra Mroueh par Christophe Stolowicki

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Bal des hésitations, de Zahra Mroueh

 

 

« Je désire qui me désire. » Ne pas s’y méprendre.

 

« J’essaie de suspendre le bal des hésitations […] / j’essaie d’appeler et d’implorer le premier passant / qu’il m’offre une nouvelle philosophie ». Le bal des hésitations, celles d’une intériorité intense, rouvre le carnet d’une vie amoureuse dont la liberté de langue n’est qu’un appât. Celui d’une « fidélité […] au seul hasard. » De coquetterie fondamentale.

 

Zahra Sarah, Zahra sera un arbre poussant ses racines transfrontalières dans le non-dit.

 

Zahra Mroueh, née en 1983, est une poète libanaise de grand aloi dont il faut s’imprégner à loisir. Qu’un français aussi franc, aussi insolite, aussi actuel, aussi nostalgique, existe sur notre rive arabe est d’un heureux présage.

 

Un de ses recueils publié en arabe s’intitule La vie à plusieurs doses (2013). La liberté a pris un accent neuf où notre poésie se retrempe. On redécouvre dans son for extérieur que la poésie est nécessaire.

 

« Je lance une aiguille dans la seconde culmination/ […] l’homme qui lit chaque matin le journal / […] a-t-il aperçu alors une étoile filante ou un météore / traversant sa fenêtre ? » Une pudeur déjouant toute pudibonderie se garde de culminer davantage.

 

« Je suis une fille que tu plies / Tes mains la frappent au cœur, la déchirent // Je laisse une place pour la brebis en moi, pour le loup en toi. » : une femme comme on n’en imagine plus. Mais il ne faut pas s’y tromper, car bientôt « je me distrairai avec mes femmes / avec mon corps / qu’aucun de mes amants ne satisfait. »

 

Un athéisme né de l’islam, d’accent arabe, celui dont on attend depuis longtemps l’évènement avènement, celui dont l’é a pris en è sa vitesse de croisière contemporaine, ne pouvait nous venir aussi crûment que d’une femme.

 

Dans un plain-pied de mise à plat au sortir du surréalisme, René Char (invoqué comme un « ami ») traduit d’arabe en français arable : il y fallait une fille.

 

Bientôt la langue lui tient lieu de tout : « les mots m’étreignent, m’arrosent ».

 

« Les mots que j’ai dépouillés de leurs ailes […] Je reçois leurs questions pour quelques jours encore » : la queue de comète de ceux qui savent de nous ce que nous ignorons d’eux.     

 

Douceur et violence accordent leurs refrains au plus prosaïque, au charnel, au reposé de la poésie. Au posé nue, scintillante de couleurs vives.

 

Enquête nette, réseaux parfaits, en quête d’une « illusion arabe ».

 

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