Nouveaux courants, de Philippe Jaffeux, 1 par Christophe Stolowicki
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![Nouveaux courants, de Philippe Jaffeux, 1](/Source/280/nouveaux-courants-de-philippe-jaffeux-1-1738766393.jpg)
« Nous sommes poursuivis par nos ombres car le soleil a précédé notre naissance. » Platon ne dirait pas mieux.
Depuis Courants blancs (2014) où il s’est révélé, parmi les contemporains, comme notre poète aporétique majeur, Philippe Jaffeux, qui a pris le temps de s’instruire entretemps en éthologie (De l’Abeille au Zèbre, 2023), en peinture, en musique, nous revient en force et en faiblesse dans ces Nouveaux Courants, cette faiblesse désormais émolliente qui fait sa force.
« Ce que l’on sait n’a pas besoin d’être expliqué avec des mots que l’on ne connaît pas. » Ramenée à un trois temps privé d’images, une leçon de Char pris par son revers, par son envers. Char envers et contre tout ce qui a pu être semé depuis de vilenies, de niaiseries à son encontre (trop solaire).
Mais avec le recul, on peut aussi y lire Char asséché de sa sève, réduit à sa seule raison.
« Respecter les yeux qui essaient toujours de s’ouvrir pour la première fois. » Respecter où d’autres inspectent. Respecter le spectre de Hamlet. La lumière dans tout son spectre. Mieux que Hamlet, n’en pas lâcher le sceptre.
« Une intensité gigogne emboîte nos renaissances dans un vide inépuisable », en un trois temps régénéré d’être aporétique.
« Divertir l’ironie de notre humour lorsque notre joie blague avec un rire absurde. » L’éclaircie d’un cinq temps moqueur quand l’homme étouffe.
« Écrire un mot à la place d’un autre pour réagir au zèle d’un sens permutable » en raturant à tour de reins sa rature à même sa rainure d’airain.
« Le ciel appartient à des arbres qui s’élèvent toujours plus haut que les hommes » pour après une telle débauche de swing abstrait revenir à une simplicité élémentaire.
À présent m’imprégner de Jaffeux sans commentaire pour m’en nourrir au plus creux de mes circonvolutions tant cérébrales que térébrantes, au crible d’une veine opposée.
Jamais on n’oubliera que dans Courants blancs (« Toutes les planètes sont rondes parce que l’univers n’a ni commencement ni fin ») Jaffeux actualise sinon égale Pascal (le monde une sphère infinie dont le centre est partout, la périphérie nulle part). Mais la raison pure, à l’usage, est un leurre dont Kant ne s’est jamais remis.