Chaos de Mathieu Brosseau par Christophe Stolowicki
Un roman, un poème à même les plus visqueuses glaires à l’air halète, allaite du vrai de toute sa spongiosité de langue. Un roman échancre, tasse son suspens. En transe régression de maïeutique première délivrer du donjon psychiatrique à vie la folle princesse, parricide peut-être, qui s’est fait justice, rendu raison, qui s’est taillé prénom, baptisée ainsi que son « aînée » gémellaire à l’identique à soi par une mère fusionnelle fissile qu’un chaos défait – l’acte pie par excellence, celui qui rend aux paysages défilant leur trame d’espère en tôt, la geste thérapeutique antipsychiatrique à contrechant d’un demi-siècle, un « légitime » départ de roman. Tout en « musiques animalières » de peintre prenant la gouache au mot, de poète éthologue évidant la langue de sa syntaxe en un chaos de haute précision horlogère, emporté dans un train fou aux délicats mécanismes de par delà les monts helvètes où séjourne la sœur ; pour de réparatrices relevailles ; voyage émaillé des apparitions d’un clownesque gnome de cinq ans quand je m’ai tué ; quand « la conscience tourne à plein tambour, avec ses yeux sens dessus dessous au travers du hublot d’une machine à laver le linge à l’essorage » ; qu’en mots fléchés jusqu’aboutis la phrase déboîte ses membres d’arthropode, « les mains s’expropriant des poignets » ; le temps s’espace à hauteur de big bang, cet aura placentaire que chacun porte Janus au bifront. Ni Dieu ni Christ, je me déprends pour le big bang.