La crypte d'Épaminondas Gonatas par Christophe Stolowicki
Désincarcérée de son écrin ocre la crypte révèle, de fleurs et d’oiseaux un monde lilliputien menaçant et déjà muséal, de minimalisme charnel sans affèterie. « Indifférent [aux] mauves [le poète leur refuse] son doigt à mordre. » En ses veines coule un sang d’encre étanchant la soif d’hitchcockiens piranhas des airs ; tombé à genoux ses bras s’envolent à tire d’ailes ; « prisonnier du verre [sur l’étagère] parmi les autres pots de confiture » de maman ; au jardin d’acclimatation « dans des cages des papillons énormes » dont un public féminin aime pour « dix sous » essuyer le velours. Léger d’approche, un fantastique écrête les rêves, feuillette l’éphéméride hypnagogique. De construction épurée, des proses de fabuliste, d’Esope sans moralités, frôlent le haïku, s’en dédisent aussitôt.
Des ours voleurs d’enfants « se confondent avec les rochers chauves ». Ogres ocreux au « pelage épais », « le bonheur leur pèse plus que leur peau, et ils pleurent. » Au salon une fourrure blanche naturalisée arbore le masque de Gilles de Rais.
Épaminondas Gonatas (1924 – 2006). Le vert que les Hellènes ne voyaient pas (selon Michel Pastoureau), voyaient glauque, voyaient pers ou poireau (πρασινος), verdoie dans un jardin de la banlieue d’Athènes.