Poèmes premiers de Dorothée Volut par Christophe Stolowicki
Depuis ses douloureuses proférations premières (à la surface, paru en 2013, longtemps resté en tiroir), la poésie de Dorothée Volut s’est suspendue comme neige, dans une apesanteur heurtée, sa parole se décomposant à chicanes sur ses terres brûlées – à l’état colloïdal. Le quotidien à deux l’a de quels coups de hache dans quelle banquise déportée comme la tête du canard au sang dans quel plat de service, elle se tient bravement à son poste métaphysique, dans la sincérité de relevailles, dans l’absence à cru.
« Tu sais, je n’amenuiserai jamais la source. »
« Un paquebot énorme sort des rochers et s’engouffre entre deux îles », appelant sa « réincarnation ». Enfoncée la barrière du défectif (« La présence contre laquelle tu ne peux rien // Alors ne peux rien, ne peux rien. »), ânonnée la syntaxe, la langue gauchie dans une tectonique du blanc, du trou noir, un feu couve sous la cendre ses poussins. Un Christ vu d’avion « radiographi[e] » les plages daliennes de ciels.
À même « une vie en diagonale ».
La vie lue à même, sans décalque ni commentaire, comme en terre le comment taire. Torrentielle une mémoire de l’eau en marine, en sanguine arrêtée. Arrêt sur hommage à un soi, apparié désormais. L’Abyssinie des jours ordinaires hors bord hurle à l’âme ses alarmes assagies, la fulgurance a fait relâche, s’est alentie en futur antérieur, écartelée de blancs dans l’entre-deux laisses. D’avant-dernières fiertés prennent de l’avance sur le temps mort.
« la source piquée jusqu’à la transparence. »
Une sincérité intransigeante évacue le « sac-poubelle » des mots de bois ; une maturité paradoxale a trouvé sa rythmique, de théophanie athée ; frottée de sagesses, l’apaisement en éveil.