Revue Artichaut, n° 1, Révolutions par Christophe Stolowicki
L’artichaut est un millefeuille naturel et contemporain. Le chimiogramme un appel à l’imaginaire plus en phase avec notre temps que les nuages ou buvards de Rorschach. « L’artiste dessine sur des supports argentiques rares et anciens à l’aide de produits chimiques, suscitant des réactions qui se poursuivent parfois dans la durée […] par ses agents que sont le gélatinobromure d’argent, le révélateur et le fixateur, [il] brouille les distinctions entre les médiums. » Ceux de Fanny Béguély qui habillent et illustrent ce numéro, présentés dans leur entier et en zoom avant, renouvellent la tempera comme art de l’aléatoire mûri de rêves. Un manifeste, apparemment collectif, chahutant les formats, y tapie une verticale conjonctive, donne le ton, le ressort. L’éditorial, de Justine Granjard, soufflant un khamsin de jeunesse tout en haleines de zéphyr, annonce le grand éclectisme dans le choix des auteurs, tous à leurs débuts, fourmillant d’intentions, poètes à l’adret d’un flux romanesque. À défaut de bibliographie chacun amplifié d’un sillage (Didi-Huberman ou Godard). De Marion Brun un calligramme cruciforme qui formellement se lit plutôt à l’horizontale, sémantiquement à l’abrupt. Une nouvelle de Tiphaine Monange, tendue d’une passion implacablement manuelle. De Raphaël Peirone, tout en rayures et en zigzags, un abyme questionne l’écriture à l’asymptote d’une vie tangente de l’immolation par le feu intérieur. De verve sourde, d’ambition justifiée, à hauteur de l’enjeu une revue tranche sur le culturel des jours.