Terminal language de Jean-François Bory par Christophe Stolowicki
« You are / a late-bloomer / a serial-killer. / a best-seller // You are // … No more / writers. // You are an / over-driver // O.K. // a tape-recorder // You are a long-drink // You are / an art-dealer // You are a serial-killer / You are a bill-poster / You are a copy-writer / You are / a foot-baller // You are an / indian-summer // You are a / black-panther / You are a / globe-trotter »
Terminal language. Quand Terminator triomphe sur les écrans, « there are no more writers ». De page en page se reforme dégage de suprématiste russe une chape d’aplomb hérissée de pointes, creusée de flèches, l’art abstrait en BD. Écrit intégralement en américain avec un accent français à couper au cutter, le pavé d’un gallicisme insolent, toutes les gaîtés de l’escadrille et l’humour ravageur de quand la langue est ravagée ; écrit en sauvagine riveraine d’un traité de l’Atlantique nord ( je vois le rictus mitteleuropa d’infinie civilisation de Bory, humour n’est pas le bémol d’ironie mais son dièse déchirant sourd, sa blue note de grand trompettiste ) ; écrit non dans un entre-deux langues mais dans un américain de mirliton, en résistance farouche d’une langue à l’autre quand Je n’est plus un autre ; canonné aux Amériques dans la langue d’Anaïs Nin, de Gertrude Stein ou de John Giorno par un grand vendeur ; quand plus vendeur tu meurs au chant d’horreurs une à une cut up ; que des ombres californiennes, des majorettes à l’exercice au commandement du photographe composent à l’entour d’un axe leurs délices lettristes nus – sur ces gais décombres entrouvrant les portes Jean-François Bory vient dessiner sans un mot de français, du génie de sa langue un trésor en gageure de poésie concrète.