Dossier Christophe Tarkos, CCP n° 30 par Jean-Marc Baillieu
A un dîner de poètes Chez Vincent rue Glandévès à Marseille à deux pas du Vieux-Port, je me trouvai assis à côté de Christophe Tarkos qui avait alors peu publié mais me fit savoir que trois de ses ouvrages le seraient dans l’année à venir… Peu de temps après, un de ses proches ou complices, m’apprit qu’aussi bien Nathalie Quintane que C. Tarkos s’étaient fixé un objectif : être publié(e) chez P.O.L, ce qu’ils réussirent. En décembre 1999, C. Tarkos lut Un petit bidon dans un hôtel particulier à rénover de la rue du Cherche-Midi à Paris lors d’une soirée Java. Coiffé d’un chapeau, il me fit alors penser au comique seul-en-scène Kopeck dont le chef chapeauté ornait des affichettes métropolitaines, et me parut un peu cabotin usant d’effets et de ficelles lors de sa lecture performante (visiblement inspirée du talentueux Ghérasim Luca) appréciée d’un public éclectique prompt à des éclats de rire. Une après-midi d’avant 2001, j’échangeai quelques paroles avec lui et Pascal Doury (dont je connaissais les dessins du temps de la revue Elles sont de sortie qu’il animait avec Bruno Richard, moi-même étant alors proche de leurs amis graphistes de Toi & Moi pour toujours) en terrasse d’un café de la place de la Bastille. Un certain soir, C. Tarkos se déclara surpris de me croiser lors d’un concert de musique contemporaine dans les locaux de l’IRCAM jouxtant la piazza du centre G. Pompidou où, un autre soir, dans le Tipi (accueillant les lectures en raison de travaux à l’intérieur du Centre), lors d’une lecture de Claude Ollier, l’éditeur P.O.L me salua se déclarant surpris de m’y trouver, avant de s’excuser de sa méprise, m’ayant pris pour C. Tarkos (déjà un de ses auteurs) du fait d’une ressemblance de visage précédemment remarquée par L. Giraudon et J.-J. Viton. Dans le dossier que la revue CCP lui consacre en cet automne 2015, Philippe Castellin (qui a mené à bien une édition de « performances/improvisations/lectures » sous le titre L’Enregistré, P.O.L éditeur) précise que feu Christophe Tarkos tenait un registre méticuleux de ses activités poétiques. Ainsi, au-delà des ouvrages anthumes et posthumes, son trajet de poète est-il tracé, ses archives étant par ailleurs dûment conservées à l’IMEC, lui assurant postérité à défaut de prospérité. Quant à le lire, l’entendre, le visionner, cela intéresse plutôt les gens plus jeunes que lui (né en 1964) à qui il ouvre des portes à lalangue, comme en témoignent des contributions à ce dossier coordonné par Jérôme Mauche, où, significativement, peu d’intervenants sont nés avant lui.