Photogénie des ombres peintes de Sandra Moussempès par Jean-Marc Baillieu

Les Parutions

09 janv.
2010

Photogénie des ombres peintes de Sandra Moussempès par Jean-Marc Baillieu

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Photogénie des ombres peintes n'est pas une suite de poèmes juxtaposés, c'est un livre charpenté en un tout fort cohérent, et les sept séquences d'inégales longueurs et de factures différentes qui le constituent ont chacune leur cohérence intrinsèque (deux furent pré-publiées aux éditions de L'Attente en 2005 et en 2008), mais sont aussi parties constituantes du livre en son entier. Et à l'intérieur de chaque séquence, chaque page (chaque poème) peut être lue en soi, tout en étant parfaitement intégrée à la séquence où elle prend place. Cette cohérence multiple n'est pas le moindre atout de cet ouvrage, ce qui attache à ses pages le lecteur, outre le propos même.

Celui-ci ne peut être résumé tant la palette d'impressions, de sentiments, de perceptions, de réflexions mise en œuvre par S. Moussempès donne lieu à des variations, des prototypes, des rythmes inventifs où se déploient subtilement et non sans élégance un lexique et une syntaxe maîtrisés (utilisation variée des interrogatives par ex.), ce qui contribue grandement au feuilletage des registres et au jeu polysémique qui caractérisent ce livre. Ecrire seulement qu'entre la dédicace au fils et la présence tutélaire du père trop vite disparu, sont évoqués les épisodes d'une histoire d'amour dont les mots sont des traces prenant place dans le réel, l'imaginaire, voire le symbolique. Juste signaler que les titres des première et dernière séquences saluent le Japon (où l'auteur vint en résidence). Ajouter enfin que le « je » est ici sobrement présent, sachant mettre en perspective sa pratique, et non sans humour : c'est probablement aussi cette distanciation autocritique qui rend le livre si prenant, et qui incite à le relire pour en découvrir les strates.

Pour la plupart, les séquences, diversement constituées de laisses, ne dépassent pas sept lignes séparées par de judicieuses lignes blanches et bénéficiant d'une ponctuation minutieuse (parenthèses, guillemets, tirets, virgules et point avec parcimonie), d'un recours subtil aux ressources de la typographie (majuscules ou pas, italique, esperluette) et à quelques photographies en noir et blanc, le tout sans systématisation. Manifestement, l'agencement de l'ouvrage, en son tout et en ses parties, profite aussi des expériences de chanteuse et de photographe de S. Moussempès, précédemment auteur de quatre livres qui ont su retenir l'attention d'éminents lecteurs et critiques, dont Yves di Manno, son fidèle éditeur chez Flammarion.



CE LIVRE A OBTENU LE PRIX HERCULE de PARIS 2010 (ouvrages parus en 2009)
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