06 mars
2011
Portrait de Manse en Sainte-Victoire molle d'Olivier Domerg par Jean-Marc Baillieu
Hé ! Ponge !
Au nord-est de Gap, le Puy de Manse culmine à 1347 mètres... On pourrait s'arrêter là, Olivier Domerg, non. Bénéficiant avec Brigitte Palaggi, sa compagne photographe d'une commande du conseil général des Hautes-Alpes, il a entrepris d'y appliquer à quelques paysages ses grilles de lecture et d'écriture, en écho à celles d'un Francis Ponge (cf. p. 78 et p. 87 : " tout est fabrique") qui lui fut enseigné par Jean-Marie Gleize, alors professeur de littérature à Aix-en-Provence. Au fil de onze livres déjà publiés (dont quatre, bientôt cinq, au Bleu du Ciel), Olivier Domerg (né en 1968) s'est déjà confronté au " sur le motif ", à des descriptions poussées d'un lieu/sujet, tout récemment à ce qu'il vit des Hautes-Alpes et à ce que sa compagne en a capté. " Mammifère au pelage brun-vert " (p. 32), Manse lui permet d'entrer chez L'Arpenteur / Gallimard, et il est vrai que sa méthodologie scripturale a gagné en efficace concision : 136 pages, 16 séquences à 5 à 7 pages judicieusement aérées et de tonalités variées. Sans aller, tel Nicolas Pesquès, jusqu'à consacrer plusieurs livres à La face nord de Juliau, notre poète a ici circonvenu ce " Pauvre Manse, sans aspérités ni personnalité... " plusieurs fois, avril 2006 et juin 2009 nourrissant sous des angles divers plusieurs séquences, février 2009 moindrement, et n'a pas hésité à "grimper " le Puy, la "montagne à vaches " en juin de cette année-là (cf. Quinze). Certes, ce n'est pas l'ascension du Mont Ventoux célébrée par Pétrarque même si s'impose " Le Paysage ainsi posé, tel qu'il se construit. Tel qu'il nous construit (p. 90) ". Et si, de loin, le poète peut confondre " des bottes de paille avec des moutons (...) l'attention prise, un instant en défaut " (p. 109), il remarque que " renaître du neutre, voilà ce à quoi s'emploie la montagne " (p. 103) où " tout est question de surface et de limite " (p. 113), même s'il faut se garder de ramener " l'inconnu au déjà connu " (p. 88). Et Olivier Domerg de rester vigilant " car, en tout poète, sommeille un régicide. Un romantique assoiffé de sang et de sens. Un fanatique en puissance. Bref un bavard ! " (p. 97). Alors, si les mots pallient l'érosion, ils ne parviennent cependant pas au reboisement (p. 53), et " Manse, poème, s'englue dans la difficulté de la langue à saisir Manse, montagne " (p. 67) qui est un " tas de conjectures " (p. 77) et " de conjonctures " (p. 82). Cela écrit, le livre, les mots mis en œuvre par Domerg, donnent l'envie au lecteur d'y aller voir, de découvrir " la belle mansuétude du Puy de Manse " (p. 34) sans s'arrêter à la clôture un peu abrupte du livre et à son titre peu convaincant.
Au nord-est de Gap, le Puy de Manse culmine à 1347 mètres... On pourrait s'arrêter là, Olivier Domerg, non. Bénéficiant avec Brigitte Palaggi, sa compagne photographe d'une commande du conseil général des Hautes-Alpes, il a entrepris d'y appliquer à quelques paysages ses grilles de lecture et d'écriture, en écho à celles d'un Francis Ponge (cf. p. 78 et p. 87 : " tout est fabrique") qui lui fut enseigné par Jean-Marie Gleize, alors professeur de littérature à Aix-en-Provence. Au fil de onze livres déjà publiés (dont quatre, bientôt cinq, au Bleu du Ciel), Olivier Domerg (né en 1968) s'est déjà confronté au " sur le motif ", à des descriptions poussées d'un lieu/sujet, tout récemment à ce qu'il vit des Hautes-Alpes et à ce que sa compagne en a capté. " Mammifère au pelage brun-vert " (p. 32), Manse lui permet d'entrer chez L'Arpenteur / Gallimard, et il est vrai que sa méthodologie scripturale a gagné en efficace concision : 136 pages, 16 séquences à 5 à 7 pages judicieusement aérées et de tonalités variées. Sans aller, tel Nicolas Pesquès, jusqu'à consacrer plusieurs livres à La face nord de Juliau, notre poète a ici circonvenu ce " Pauvre Manse, sans aspérités ni personnalité... " plusieurs fois, avril 2006 et juin 2009 nourrissant sous des angles divers plusieurs séquences, février 2009 moindrement, et n'a pas hésité à "grimper " le Puy, la "montagne à vaches " en juin de cette année-là (cf. Quinze). Certes, ce n'est pas l'ascension du Mont Ventoux célébrée par Pétrarque même si s'impose " Le Paysage ainsi posé, tel qu'il se construit. Tel qu'il nous construit (p. 90) ". Et si, de loin, le poète peut confondre " des bottes de paille avec des moutons (...) l'attention prise, un instant en défaut " (p. 109), il remarque que " renaître du neutre, voilà ce à quoi s'emploie la montagne " (p. 103) où " tout est question de surface et de limite " (p. 113), même s'il faut se garder de ramener " l'inconnu au déjà connu " (p. 88). Et Olivier Domerg de rester vigilant " car, en tout poète, sommeille un régicide. Un romantique assoiffé de sang et de sens. Un fanatique en puissance. Bref un bavard ! " (p. 97). Alors, si les mots pallient l'érosion, ils ne parviennent cependant pas au reboisement (p. 53), et " Manse, poème, s'englue dans la difficulté de la langue à saisir Manse, montagne " (p. 67) qui est un " tas de conjectures " (p. 77) et " de conjonctures " (p. 82). Cela écrit, le livre, les mots mis en œuvre par Domerg, donnent l'envie au lecteur d'y aller voir, de découvrir " la belle mansuétude du Puy de Manse " (p. 34) sans s'arrêter à la clôture un peu abrupte du livre et à son titre peu convaincant.