Du NOUVEAU, doxa de quadras ? par Jean-Marc Baillieu
Ecartés les sexas trop « sénateurs » (Hollande, Sarkozy, Fillon…) par des (jeunes) quadras qui en veulent : hop ! Macron ! Du nouveau ? Bôf, plutôt un coup de Ripolin sur des épars anciens, un service revu et corrigé pour des plats déjà anciens (voir à ce sujet, l’article sur le thème du « premier de cordée » de Lucas Fonseca et Ladislas Latoch, dans la revue en ligne Le vent se lève. )
Hop ! Raphaël Glucksmann (directeur de la rédaction) présente Le Nouveau Magazine Littéraire (Sophia publications, PDG Claude Perdriel) : déjà, à la fin des années soixante-dix, papa (auteur, entre autres, d’un ouvrage de stratégie militaire et figure de mai 1968) copinait avec les dits Nouveaux philosophes, alors jeunes quadras, dont on sait comment ils ont viré, chacun, nanti d’une parcelle de pouvoir, s’installant, notamment dans le champ éditorial et médiatique (B-H Lévy, L. Ferry, A. Finkielkraut,…), et ce dans le sillage d’un autre quadra, Valery Giscard d’Estaing (la revue des jeunes Républicains indépendants s’appelait Le Nouveau Devenir) qui avait (1974) bousculé le chêne post-gaullien par une stratégie de communication laissant k.o. le sexa Chaban-Delmas et sa vélléité mal goupillée de « nouvelle société ». Donc, R. Glucksmann, fils d’André, s’adresse, ici et là (bien des portes s’ouvrent) aux « chères lectrices, chers lecteurs » à qui il propose de se laisser « porter par l’esprit d’aventure, guider par une soif de découverte retrouvée » pour visiter, habiter, penser « littérairement le monde » et « ce faisant » le transformer « ensemble » car il serait « temps pour nous de tourner cette page morose de notre histoire intellectuelle » marquée par « le déclinisme et la tentation du repli », « temps de réinventer cette idée d’avenir que nous avons laissée choir » ( cf. supra : « le nouveau devenir » ) et « prendre le temps d’être, véritablement ». D’où chaque mois au sommaire : « un grand débat d’idées », des écrivains qui explorent le réel « pour nous en livrer la substantifique moelle », éclairer « notre temps à la lumière des grands auteurs d’hier », et faire « le tour du monde des idées ». Pour un peu on en resterait pantois ou comme deux ronds de flan. A qui veut recréer (européenne) « la fameuse république des lettres », « communauté aujourd’hui éclatée » qui « vivra de façon virale, virtuelle et physique », R. Glucksmann enjoint : « rejoignez-nous, écrivez, participez, lisez, rêvez, souriez ou pleurez avec nous ». Bon sang, mais c’est bien sûr : les bons sentiments ! Et on pourra sans malice aucune relever que l’offre d’abonnement permet de recevoir une « montre Tradition » : voilà, le voile est levé ! L’emploi de l’adjectif « nouveau » n’est souvent qu’un cache-sexe plus ou moins clinquant, comme, autre exemple, au début de 2017, les éditions Flammarion avaient publié une anthologie de poésie (en grande partie pro domo) intitulée Un nouveau monde, nouveauté dont nous avions sur ce site esquissé quelques limites.
Qui vit ou vient au bord de mer voit que chaque vague est nouvelle, ou pas du tout, chaque vague est vague, un même phénomène, cyclique, même pas renouvelé, avec des phases, des variations d’intensité répertoriées : rien de nouveau sous le soleil, sous le vent, sous la pluie… D’autres viendront qui eux aussi réinventeront l’eau tiède, hop !