à l'approche de Guillaume Decourt par Jacques Barbaut
Accompagné de quatre dessins sauvages — non peignés — de Nathalie Reuter, cet assemblage de deux (« Pittoresques » et « La Termitière * ») qui forme cet à l’approche (ensemble de poèmes en prose et en vers), manipule comme en se riant les formes poétiques classiques, propose des incursions dans l’univers des chasseurs-cueilleurs, évoque les arts dits « premiers », entre fétiches et totems, épousent rythmes naïfs et refrains niais, saute les frontières, passe de Grèce en brousse, confronte les us et les coutumes, pratique une belle insouciance (trop policée pour être désinvolte) et enjambe les convenances :
Pense à Vouliagmeni
A ébats sur le lit
A Vicky qui hennit
A vie qui est jolie
Y’a bon la baise
Y’a bon la baise avec toi
« Chanson primitive »
Entrechocs brutaux ou cocasses entre la bouse du bétail utilisée comme combustible, l’urine de génisse et le sang caillé comme crème du visage — pratiques d’une ethnie des plateaux africains — et le shampoing antipelliculaire de Schwarzkopf ou Garnier de nos salles de bains propres et parfumées.
Aussi : fantaisies langagières, quasi-préciosité du vocabulaire et micro-contes à la Michaux.
Mais est-ce que ce qui nous retient d’abord ce sont les « quelques notations hardiment putassières » (dixit Alain Frontier, naguère…)
— « Le satyre a toujours eu maille à partir avec les muses, et l’on en retrouve l’ostentation souriante dans cette poésie », note dans la préface Guillaume Métayer —
… de cet hétéroclite recueil ?
Tu seras ma cochonne ma femme suidée
Et je savourerai boursouflé sous la couette
Tes pipes en écume lubriques et bien taillées
En rechignant flemmard à te prendre en levrette
Mais la salope outrée me traite de poète
« Le bestiaire »
* Celui-ci publié dans une première version aux Editions Gros Textes (coll. « Polder »), en 2011.