Christophe Tarkos Morceaux choisis et autres morceaux choisis par Jacques Barbaut
patate
L’illustration de première de couverture (reprise de la page 105) ressemble à une patate, une patate qui serait en état de germination.
complètement complet
Complétant la publication des œuvres complètes — l’œuvre complet —, dans laquelle P.O.L s’est engagé, ce nouveau volume, quatrième et dernier du genre (après Écrits poétiques, 2008, 432 pages, l’Enregistré. Performances, improvisations, lectures, 2014, 512 p., et le Kilo et autres inédits, 2022, 800 p.), donne « à lire les débuts de Tarkos, quand il détaille tout ce qu’il sait faire et, d’une certaine façon, annonce tout ce qu’il va faire, des formes basiques et vivantes comme des lignes, des carrés, des ronds et des dessins » (dixit l’éditeur).
C’est un montage, un assemblage, un bricolage, entre inédits retrouvés dans les caisses (fonds IMEC, 55 boîtes d’archives, 2 boîtes d’imprimés), non envoyés ou refusés par les éditeurs, et quasi-inédits (soit des textes publiés par des maisons ou dans des revues pour le moins confidentielles et introuvables depuis longtemps).
Confessions des dessins d’enfants. Ce qui reste comme affaires après la mort, du mort, méticuleusement mélangées en vrac par la volonté poétique du hasard et du brocanteur et du clochard étalé sur le sol en vrac. (« Morceaux choisis », p. 122)
kilo
Avec ses quelque 750 pages, ce volume-ci fait quasi son kilo, 975 g exactement ; à 25 g près, il a raté le kilo.
(auto)portrait
Extérieurement on dit que je ressemble à Francis Cabrel, Clint Eastwood, Jésus-Christ et Van Gogh.
« notice biographique n° 3 » (p. 10)
drogue
Page 74, le texte lui-même s’est drogué :
La drogue est bonne. Droguée sait la bonne sait le lien est une drogue. L’aime. La drogue est bonne. La drogue donne. Drogué sait, va vers la bonne drogue. La drogue bonne donne du bonheur. La drogue est bonne à Drogué. Drogué sait aller au bon. […]
idiotie
L’ensemble nommé « Moue de veau », pages 147 à 174, fut primitivement (date ? aucune indication fournie) accueilli par Lucien Suel, qui décrivait ainsi sa revue de même titre : « produire quelque chose qui soit non rentable, inefficace, engendrant une “perte” de temps, un objet “culturel” à rebours de l’ambiance dominante basée sur l’efficacité, le profit, la reconnaissance et le prestige. D’où le titre, ridicule, le tirage, infinitésimal, le format, minuscule, le prix, dérisoire, et le contenu, majoritairement abruti… » (p. 725, « Annexes, Index des sources »).
presque
La section « Poèmes d’une ligne » (p. 203 à 222), sous-titrée « Les poèmes d’une ligne, tradition française », propose 19 poèmes d’une ligne présentés sur 19 pages (qui sont donc très blanches). Il y a par exemple, en haut de chaque page, ces lignes :
Les tripes sont en vente libre. (p. 213)
Si tu prends un fil, tu vois bien qu’il est mince. (218)
et
Un montage, un montage, un montage, un montage, un montage, une montagne (221)
qui, dans la version telle qu’imprimée dans le volume, rejette en réalité le mot « montagne » — un débord — sur le début de la seconde ligne.
patate (bis)
le plaisir ne s’attrapera pas comme ça
ce n’est pas grave, ça farine
même une grosse patate de terre disparaît d’un coup en germinant
Pollenta-cellophante
c’est une adoration
De la particularité des gens sans mains
incipit du texte intitulé « Farine », p. 257
ronds
Page 288 (attention ! les pages 274 à 350 — soit « un ensemble de dessins assumés comme poèmes », intitulé « Arêtes », reproduit en fac-similé — ne sont pas numérotées), Tarkos a dessiné six petites formes fragiles, hésitantes, avec ces légendes en regard : rond, moins rond, encore moins rond, pas rond du tout, plusieurs, plusieurs presque ronds.
proprement propre
1/ À propos du texte « L’enterrement de René Char » (pages 505 à 507), les maîtres d’œuvre de l’ouvrage précisent, page 728 : « À l’exception du livre Anachronismes (P.O.L, 2001), c’est un des deux seuls textes où Tarkos cite nommément un autre poète. L’autre exception est un texte-hommage à Ghérasim Luca pour les Cahiers du refuge en 1994, écrit à la suite de la mort de Luca. »
Page 114, Chr. Tarkos cite pourtant nommément Julien Blaine et Richard Martel (accompagnés de Jean-Pierre et Arnaud).
2/ Errata : dans la section « Jugements des contemporains », page 133, ligne 6, lire « Jean-Luc Parant » (au lieu de « Parent »), et « Pierre Le Pillouër » (au lieu de « le Pillouer »).
patate (ter)
Pages 655 à 724, il y a cet ensemble, sous l’intitulé « Calligrammes » (qui n’en sont pas au sens canonique), regroupant des dessins malhabiles, élémentaires de chez-élémentaire, « naïfs » si vous voulez, plus pauvres que tout art pauvre, légendés avec son écriture manuscrite : un sac, un bitonio (sic), mes couilles (une espèce de patate), ma bite, un cheveu de mes cheveux (un fil), le sac à patates (on y revient), mon nombril (un petit quasi-rond), mon genou (un beau rond), ma tête (idem, un peu plus grand), les yeux ouverts (deux vagues ovales)…
ronds (bis)
Le texte appelé « Dix ronds » (p. 361 à 378, précédant « Et autres ronds », p. 379 à 402), publié initialement aux éditions Contre-Pied en 1999, présente en vérité seize textes dont la composition typographique s’approche de la forme d’un rond. Mais avec « Seize ronds », on n’aurait pas pu prétendre que « ça vaut pas dix ronds ».
comique
Le 31 octobre 2014, François Huglo chroniquait le volume l’Enregistré. Performances, improvisations, lectures, publié (avec CD et DVD) : « Tarkos est un travailleur de l’écrit, surtout pas un écrivain. Comme le Péguy de Pennequin, il incarne la pensée, quelque part entre Gilles Deleuze et Fernand Raynaud qui est resté l’un de ses modèles. »
Christian Prigent, lui, écrivait en 1995, en songeant aux occasions où il vit Tarkos en lecture-performance : « je pense à Tati dans Monsieur Hulot […] je pense à Buster Keaton […] je pense aussi à Jarry […] je pense à Groucho Marx » (« Tarkos / Sokrat », introduction aux Morceaux choisis, Les Contemporains favoris, p. 31).
patate (quater)
Le mot commence comme patmo — la « pâte-mots », ça vous parle ?
Le mot commence aussi comme pataphysique, ou pathographie, « partie de la graphologie qui a pour but de déceler les maladies d’après l’écriture du patient » (TLFi).
« Patate », outre un succès théâtral de Marcel Achard, est aussi une douce insulte (oxymore ?) : « Va donc, eh, patate ! ».
kilo (bis)
« J’achète un kilo au marché, il est rouillé, je le pèse, il pèse 980 grammes, cela ne fait pas un kilo. Mon kilo est rouillé, ou ma balance est fausse. » (p. 96)
quatrième de couv
Des poèmes :
BEAUX,
AGRÉABLES,
JOLIS
ET BIEN FAITS.
— c’est de l’autopromo — supposée décalée ?