Abrid chemin de Jean-Marc Baillieu par Christian Désagulier
Voici un poème graphique en forme de conte alphabétique berbère dont l’écriture tifinagh
est faite pour le bâton aâwkkaz du berger aâssas dans le sable des chemins pierreux adghagh..
Dont les mots ramassés au milieu du chemin viennent accroître tes provisions de base – les poètes ne se nourrissent-ils pas exclusivement de pierres et d’un peu d’amour, fût-il tiède ?
Des mots dont il faut faire provision pour la construction, non plus de cabanes, opportunistes et éphémères, mais d’abris de cantonnier*, c’est-à-dire de poète qui chante et conte tamacahut, de « contonnier », ceux que Percy Bysshe Shelley dit qu’ils sont des errants du monde, imussnawen..
Des contes timucuha de sable et d’eau aman, lequel sable ressemble à du soleil écrasé à la meule de grès d’astre tissirt pour écrire dedans avec la pointe du pied adar sans se brûler ou bien celle d’un bâton et convertir ainsi les photons en phonons asefru..
De sable et d’eau qui coule comme du sable dans le sable, t’abrases la gorge et que ta langue tamazight lubrifie à mesure que tu les racontes taqbaylit..
Ici tu te souviens alors du poème de Carlos Drummond de Andrade :
No meio do caminho tinha uma pedra
Au milieu du chemin il y avait une pierre
tinha uma pedra no meio do caminho
il y avait une pierre au milieu du chemin
tinha uma pedra
il y avait une pierre
no meio do caminho tinha uma pedra.
au milieu du chemin il y avait une pierre.
Nunca me esquecerei desse acontecimento
Jamais je n'oublierai cet événement
na vida de minhas retinas tão fatigadas.
dans la vie de mes rétines tellement fatiguées
Nunca me esquecerei que no meio do caminho
Jamais je n'oublierai qu'au milieu du chemin
tinha uma pedra
il y avait une pierre
tinha uma pedra no meio do caminho
il y avait une pierre au milieu du chemin
no meio do caminho tinha uma pedra.
au milieu du chemin il y avait une pierre.
* du latin ‘cantus’, chantet du gaulois ‘cantus’, cercle de fer..