Bacchanales, n° 66 par Jacques Barbaut
Y a-t-il un stade plus bas qu’anal ? »
Interrogeant le rôle de la sublimation dans les processus de structuration de la personnalité consciente et inconsciente (Tombeau d’Isidore Ducasse, VoixEditions, coll. « Vents contraires », p. 20), dès 1999, Jean-Pierre Bobillot, non-métricien tendance pro-Dada, posa cette grave question de fond.
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On y entre par un trou de serrure (comme on dirait d’souris) en criant Maman ! (« Angoisse 3 » / Jean-François Bory).
On emprunte la road 66 — parsemée de pompes à essence et de motels — dans une voiture de location (capot de poussière / châssis emboué / roues essoufflées / réservoir vide)... mais le road trip touche presque à sa fin. (Samantha Barendson)
Alain Frontier, avec « Saint Mesrine le Transfiguré », fomente une évasion de la Santé — Tout sera fait comme c’est un beau crime / à force de compter ses pas jusqu’au mur / être ici ne sera plus normal —, évoque festival de jazz, cite Thucydide.
Marie-Hélène Dhénin s’adonne à la photographie conceptuelle en donnant la série « Les trois masques à terre » : naturellement, elle en exhibe 4 comme les doigts de la main — ce sont des anticovid de base comme il s’en abandonne au sol ces temps par milliers.
On joue une « symphonie linguistico-POético-POrnographique » avec Nadine Agostini — je vais te déprécier lexicalement ok ?
On passe par les sept épisodes du « Roman sonné » (Jacques Demarcq) : en l’absence du mari dans sa tour du treizième / elle s’agrippe aux coussins mon pouce tâtonne par où elle se tortille beaucoup.
ON fait les cents pas (nous les avONs comptés) dans une « courte coupe de coupe courte » avec Julien d’AbrigeON.
POésie(s) usant & abusant des POssibilités de la tyPO (polices ! gras, CAP ?, et caeteRAT) mais sans impéRATif ; textes inédits mais pas forcément ; poésie visuelle mais pas obligatoirement ; textes en français mais pas nécessairement, en anglais (traduits, mais pas toujours), en italien, en des langues et alphabets que je n’ai pas reconnus…
Jean-Luc Lavrille tente de repousser les calembours — dura lex sed lexical — irresponsables de Bièvre hors de son maquis : Les fleurs sortent Les sœurs flirtent.
La petite cuiller avec laquelle Gilles Dumoulin remue son café le matin tient un journal intime.
PAUline Catherinot POse « La question » & imPOse « Silence » ; Pierre Le Pillouër exPOse son « POème chiant »…
Les caviardages — il faut que ça cogne ! — de Lucien Suel, connus notamment sur son Silo (académie 23) : quelques-uns de ses « poèmes express » sont disséminés çà et là, mais ici aussi ses retranscriptions brutes : Nos fesses sont à vendre c’est moitié poison moitié rinçures de cochons notre existence devient de plus en plus coton bientôt le jugement.
François Huglo — inspiré, non muet — parle corbeau, broie du noir, crache du freux, crie du ventre comme Rimbaud croasse.
Perrin Langda recommande « 12 gestes barrières à garder bien après le confinement » et prodigue « 21 conseils pour rater un poème ».
Sans dieu ni maître, avec le poète atterré©, alias Michael Moretti : Créer (poiêsis), c’est ruer dans les brancards donc ne correspondre à aucun créneau voire, encore mieux, de l’inventer : scandalisme© ; poésie polémique, « contre tout contre » pour, même si tout n’est pas bon dans le choCon. Cabrer barbaque.
Ou la pizza gerbée par Alain Chevrier qui éclabousse la page.
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Invité.e.s par Bobillot (BoB HiO !, BoBIO !), conCASSEur de syllabes, à rejoindre cette faranDOle (soit far’n’dolls en craduction) des diserts, divisée en sept sections — d’ « Échauffements » à « Bouquet final ! » —, soixante et un poètes et artistes en-guirlandé.e.s — « voyants ou voyous, christs ou larrons, devins ou bouffons, trublions ou ludions, histrions du Livre ou du live » — recensé.e.s dans une « fable des ratières » (sic), se succèdent en dansant la saraBANDE, la gigue ou la carmagnole main dans la main et sous un format peu commun (beaucoup plus long que large), pour un copieux numéro avec cahiers couleurs, couverture à rabats généreux et signet reproduisant des collages punchy de Sylvie Nève.
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— & plus bas qu’anal…
… est-ce que ça tombe dans le POt-POt teint ?
Mais c’est là ta meilleure part me diras-tu
aussi bien toujours j’honorai Nosferatu
dans sa sublime réincarnation moderne
en Jean-Pierre Mocky qui éleva le bas
à la hauteur d’un art où le désir rabat
son caquet à ce qui d’ordinaire nous berne.
C’est à Laurent Fourcaut (« Avatars ») que reviennent ces derniers mots.