14 janv.
2004
Esaü à la chasse de Jérôme Mauche. par Éric Houser
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Si la phrase est un ensemble de mots qui commence par une majuscule et se termine par un point, si la phrase déclarative est celle qui raconte quelque chose, alors Esaü à la chasse est un ensemble de phrases déclaratives, d'à peu près égale longueur sans ponctuation (hormis le point final), regroupées en cinq paquets de taille croissante (de 13 à 17). La phrase est soit simple, une seule proposition, soit complexe, à partir de deux. Esaü à la chasse est un ensemble de phrases complexes. On comprendra dès la première page que c'est à déjouer cette élémentaire taxinomie grammaticale que s'emploie Jérôme Mauche. Produire un récit ? Cherchez le récit. Construire une phrase ? Cherchez la phrase, déblayée « la montagne de critères façon éboule sucre ». Prose en chausse-trape et phrases-valises, pour embrouiller le fil et le sens d'une narration problématique, déceptive, fuyant de toutes parts (« coupe le prédicat par le milieu »). C'est à la fois déroutant et réjouissant. La référence à la séquence biblique (titre + phrase extraite de la vulgate d'un autre Jérôme, en quatrième de couverture), fonctionne-t-elle comme une sorte d'embrayeur ? Je ne saurais le dire, mais l'image d'une chasse plutôt erratique, quête d'un paradis de la langue sans espoir d'aucune « bénédiction », accompagne la lecture de bout en bout.