Guide (illustré) d'une petite excursion à Walden Pond de Christian Bernard par Éric Houser
Ce que j’admire le plus chez Christian Bernard, c’est sa délicatesse. Dans delicatessen (ces merveilleuses boutiques que l’on trouve notamment à New York, colorées et odorantes, au fouillis artiste organisé), il y a délicatesse. Et il y a dans walden n press, le delicatessen de Christian Bernard, quelque chose aussi de cela.
Ce matin, j’ai lu avec délices son « Guide (illustré) d’une petite excursion à Walden Pond » (publié en 2014). Que l’auteur de Walden; or, Life in the Woods soit « hommagé » n’est pas étonnant, étant donné le nom de l’édition. La lettre trente-cinq (chaque parution, appelée « lettre », portant un numéro) est une invitation à la promenade, dans les lieux mythiques où vécut, enseigna et écrivit Henry David Thoreau. Je me souviens à l’instant, quant à la prononciation du nom de Thoreau, d’une très belle scène de Route One/USA, le film de Robert Kramer (1989), dans laquelle le narrateur se fait expliquer par un local comment il convient de le dire : en accentuant fortement sur la première syllabe. THOreau.
Ce qu’a fait Christian Bernard n’est pas une méditation, ou quelque chose de ce genre, qui courrait le risque de la pâleur mimétique face à un tel modèle. Mais plutôt, un faux micro-guide touristique (pour une petite excursion), empreint d’une douce ironie, d’une tendresse retenue, d’une légère mélancolie. Sur chaque page ou presque (14, comme les vers d’un sonnet, ce qui ne me surprend pas du « sonnettiste » qu’aime être, à ses heures, Christian Bernard), il y a une photo, et un texte.
Voilà, parfaitement (et délicatement), ce qu’il me fallait ces jours-ci. Comme un simple verre d’eau, un simple caillou, le son d’un pivert dans une forêt déserte.